Discopathe
Canada, 2014
De Renaud Gauthier
Scénario : Renaud Gauthier
Durée : 1h21
Dans les années 1970, un jeune New-Yorkais sans histoire se métamorphose en meurtrier lorsqu’il est exposé aux sonorités particulières d’une toute nouvelle musique : le disco. Incapable de contenir ses pulsions meurtrières, Duane Lewis devient malgré lui un dangereux serial killer en exil à Montréal...
DISCO INFERNO
Parmi les différentes hybridations possibles du cinéma de genre, peut-on citer beaucoup d'exemples de mélange entre slasher et comédie? La formule est rarement tentée et encore plus rarement réussie, et c'est pourtant le cocktail proposé ici par Renaud Gauthier pour son tout premier long métrage, aussi surprenant qu'enthousiasmant. Mais la réussite de l'entreprise tient moins dans cette pure juxtaposition que dans le traitement égal de ces deux axes. En clair, Discopathe est souvent hilarant, mais ça ne l'empêche jamais d'être tendu et efficace, et vice versa. Hilarant grâce tout d'abord à son pitch zinzin (on attend la même chose désormais avec le ragga dancehall ou le zouk love), ou ses bifurcations parfois complètement gratuites (des lesbiennes prépubères se caressant dans leur dortoir, sans que cela n'ait de réel rapport avec la suite). En place de l'ironie cool que l'on subit désormais partout et qui sert d'alibi à des films en manque d'humour et d'imagination, Renaud Gauthier propose au contraire un va-et-vient progressif entre le premier degré sérieux et un humour à la fois potache et absurde, un grotesque aux proportions de plus en plus gonflées (les effets spéciaux gores deviennent au fil du film de moins en moins réalistes, jusqu'à virer au cartoon) qui ne tombe pas pour autant dans les travers de la parodie stérile.
Car Discopathe possède au moins une autre sacré qualité cinématographique. Collectionneur et amoureux du vintage 70´s, Renaud Gauthier fait ici preuve d'une ambition formelle loin de se réduire à un décorum, qui laisse songeur lorsque l'on pense que le film est entièrement auto produit mais aussi lorsque l'on pense à tous ces premiers films à l'eau tiède qui se ressemblent tous (y compris dans le film de genre). Les décors et les costumes sont d’époque mais également le grain de l'image. Discopathe reprend avec soin la grammaire mise en scène de l'époque, et le temps d'un travelling compensé ou d'un long travelling circulaire, on pense même sans rougir aux De Palma.