Despues de Lucia

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Despues de Lucia
Mexique, 2012
De Michel Franco
Scénario : Michel Franco
Durée : 1h33
Sortie : 03/10/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Depuis que Roberto est veuf, il ne s’occupe plus trop de sa fille Alejandra de 15 ans. Dépressif, il décide de déménager à Mexico. Dans sa nouvelle école, sa fille va supporter des abus psychologiques, sexuels et des humilliations pour ne pas créer plus de problème à son père. Père et fille s’éloignent de plus en plus, la violence est présente dans tous les aspects de leur vie.

JEUX DE MASSACRE

Ceux qui avaient vu le précédent film de Michel Franco, le beau Daniel y Ana, risquent de ne pas avoir le même point de vue sur Despues de Lucia que ceux qui le découvrent tel quel. Sur une idée de départ pas si éloignée (une vidéo amateur clandestine entraîne un engrenage de violence domestique) ce second long métrage offre un traitement bien différent. La où le premier tirait sa réussite d’une grande nuance psychologique, Despues… y va de manière plus directe. Et c’est presque un euphémisme. Pourtant le film prend son temps avant de vraiment débuter, installant d’abord ses personnages dans une sorte d’absence quotidienne. Une absence à eux-mêmes et une impossibilité à communiquer entre eux (première bonne idée : le malheur ne s’abat pas sur une famille idéale). Puis ça démarre : la première torgnole atterrit dans la gueule de la jeune Alejandra, et là les vannes s’ouvrent. La violence choque puis se répète, s’amplifie, devient extrême. A la limite du trop plein, sans nuances, sans guillemets. L’humiliation crève l’écran, acide, infernale et étouffante. Et le silence de la protagoniste, qui était jusqu’alors un peu lassant, devient glaçant.

Si cette histoire de mise au bucher rappelle le film de Thomas Vinterberg en compétition (La Chasse), leurs traitements diffèrent complètement. Michel Franco ne semble pas vouloir nous apitoyer simplement sur le sort d’Alejandra. La violence semble manichéenne car les personnages de « méchants » sont peu subtils, mais l’héroïne ne vire jamais à la sainte martyr. Les enjeux sont ailleurs. On évite d’ailleurs heureusement les scènes clichés où elle s’effondrerait en larmes, craquerait ou se vengerait dans une violente catharsis. En restant complètement mutique et neutre, elle ne devient pas complice de la violence mais devient aussi insaisissable pour le spectateur qu’elle ne l’est pour son père. Et qui peut aider quelqu’un qui ne veut pas l’être ? Tout cela se fait dans une très grande froideur (malgré ses scènes dures le film carbure plus à la réflexion qu’à l’affect) qui rend cette violence encore plus dérangeante, à la limite de la gratuité. Le dénouement est amer, d’une ironie un peu roublarde, mais lui aussi percutant. Tout comme l’ensemble du film, il est froid et brutal. Dans nos bouches, ce ne sont pas des défauts.

par Gregory Coutaut

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