Des hommes et des dieux
France, 2010
De Xavier Beauvois
Scénario : Xavier Beauvois
Avec : Michael Lonsdale, Lambert Wilson
Durée : 2h00
Sortie : 08/09/2010
Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour…
LA PASSION SELON XAVIER
Présenté au dernier Festival de Cannes – il a obtenu le Grand prix du jury -, Des hommes et des Dieux est le chef d’œuvre français de cette rentrée cinématographique, un film d’une force rare qui réconciliera athée d’un cinéma d’auteur exigeant et croyant en la toute puissance de la mise en scène. Lumineux – la photographie de Caroline Champetier confine au sublime -, le nouveau film de Xavier Beauvois est celui d’un auteur touché par la grâce filmique. Avec pudeur et retenue, le réalisateur du Petit lieutenant revient sur un fait divers sanglant, la prise d’otage puis l’exécution de sept moines trappistes du monastère de Tibéhirine, en Algérie en 1996, sans s’attarder sur l’enquête toujours en cours pour connaitre les responsables de ce massacre. Ce qui l’intéresse avant tout est le geste de sacrifice de ces hommes qui ont refusé de fuir devant la barbarie, qui ont donné leur vie pour rester aux côtés d’une communauté villageoise menacée de mort.
TOUCHÉ PAR LA GRÂCE
Depuis Selon Mathieu, qui était son meilleur long métrage à ce jour, on connaissait le talent de Xavier Beauvois pour sublimer un récit par des échappées lyriques finalement assez rares dans le cinéma français. Ici, il échappe à tous les écueils de la représentation du sacré à l’écran. S’il filme dans un premier temps les psaumes et les prières, on oublie vite le caractère religieux de ces hommes faits de chair et de sang, simples mortels qui doutent de leur courage pourtant immense. Dans la peau de ceux-ci, des acteurs tous au diapason d’un scénario et d’un texte magnifique – la parole est rare mais essentielle. Si Lambert Wilson et Michael Lonsdale crèvent l’écran, on n’oubliera pas de sitôt les frères du monastère, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin, Xavier Maly, Jean-Marie Frin et Loïc Pichon. Longtemps retenue dans les paysages enneigés des Monts de l’Atlas, l’émotion éclate dans une cène improvisée, où les moines se laissent envahir par la peur de mourir. La caméra passe d’un visage à un autre, observateur attentif du sacrifice de ces hommes de bien. Les larmes coulent sur les joues d’Amédée, embuent les yeux de Christian. Sublime, on vous dit.