DÉCÈS: Lauren Bacall (1924-2014)
« Humphrey Bogart ? Berk !» C’est en ces termes que la jeune Lauren Bacall se serait exprimée, au début des années 40, lorsque le réalisateur Howard Hawks la repère et lui parle de son futur partenaire dans Le Port de l’angoisse. Bacall et Bogart formeront par la suite un couple mythique de cinéma, mais aussi un couple dans la vie malgré leurs 25 ans d’écart. L’actrice se révèle en incarnant Marie 'Slim' Browning. Elle devient « The Look », une femme fatale à la voix rauque qui, dans une scène devenue culte, lance à Bogart : « You know how to whistle, don't you? You just put your lips together and blow ». Elle retrouve Hawks et Bogart pour Le Grand sommeil, dont la tension sexuelle se nourrit de la relation dans la vie réelle entre les deux stars. L’autre grand nom de sa période noire, toujours avec Bogart, est cette fois réalisé par John Huston : il s’agit de Key Largo. Ce sera la dernière collaboration entre Bacall et Bogart qui décèdera quelques années plus tard.
Après La Femme aux chimères de Michael Curtiz avec Kirk Douglas, Bacall ajoute un peu de couleurs à sa carrière en côtoyant Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire de Jean Negulesco. Elle croise la route de Vincente Minnelli (La Toile d’araignée) et de Douglas Sirk (Ecrit sur du vent) et triomphe au box-office avec le film d’aventures Aux frontières des Indes. Après la mort de Bogart, dans les années 50, Lauren Bacall privilégie le théâtre et apparaît moins au cinéma. Elle y remporte deux Tony Awards, en 1970 et 1981. En 1974, elle intègre le cast all-star du Crime de l’Orient-Express. Une quinzaine d’années plus tard, elle joue un petit rôle dans Misery. Bacall fait partie de la pléiade de stars du Prêt-à-porter de Robert Altman, et Hollywood se met à se souvenir d’elle avec Leçons de séduction, film oubliable de Barbra Streisand qui lui vaut pourtant sa première – et seule – nomination à l’Oscar. Elle remportera une statuette d’honneur en 2009.
Oublions le turbo-navet Le Jour et la nuit tourné par Bernard Henri Levy en 1997 : c’est dans les années 2000 que se jouera le flamboyant crépuscule de sa carrière. Bacall s’embarque en Scandinavie, dans un grand hangar, pour incarner Ma Ginger dans Dogville de Lars Von Trier. Elle rencontre Nicole Kidman, dont elle sera la mère dans Birth, l’ovni de Jonathan Glazer. Elle retrouve une nouvelle fois Lars Von Trier pour Manderlay, sa dernière apparition marquante au cinéma. Elle n’a à ce stade plus besoin d’être vue pour être une légende : inspiration de Jessica Rabbit, chantée par Madonna dans Vogue, son aura est celle des vraies stars. Lauren Bacall avait 89 ans.