Curling
Canada, 2011
De Denis Côté
Scénario : Denis Côté
Avec : Emmanuel Bilodeau
Photo : Josée Deshaies
Durée : 1h32
Sortie : 26/10/2011
Un père vit avec sa fille solitaire de 12 ans dans une maison isolée de la rive sud de Montréal. Taciturne et surprotecteur, l'homme tente obstinément de préserver sa fille de l'hostilité du monde extérieur, la privant notamment d'école et de sorties.
LE TIGRE ET LA NEIGE
Petit hit de festivals, Curling a permis au Canadien Denis Côté de repartir avec le prix de la mise en scène l'an passé à Locarno, un deuxième après celui déjà obtenu pour Elle veut le chaos en 2008. Curling ne glisse pas sur la glace comme la pierre de granit dudit sport le plus chiant du monde. C'est plutôt là du film qui pèse bien au ventre, avec ses hantises existentielles, son rythme flasque, son gros grain, son cadre paralysé. Même les quilles sur la piste de bowling semblent moches. Et Côté, en s'essayant au décalage absurde et humoristique, fait d'abord plutôt recette. Parfois un peu facile (écoutons religieusement du Tiffany dans notre salon marron), plus réussi lorsqu'on dresse une galerie de personnages bien frappés: une gamine limite débile, un boss déguisé en cowboy, une collègue en version québécoise-revenante de Sofi Oksanen. Au détour d'une conversation ubuesque avec la police, c'est le froid qui semble rendre tout simplement les gens fous.
Dans Curling, l'idée même de l'existence semble aussi insensée que la présence d'un tigre dans la neige. Comment vit-on à la fois parmi les autres et juste à côté? Curling persiste malheureusement et avec une certaine complaisance dans le surplace, cumulant ses non-dits (sur la mère emprisonnée, sur les cadavres dans la neige, sur un rasage de moustache) comme autant de bibelots sur une commode. Mais le film, qui ne débouche quasiment sur rien et patine totalement dans le dernier tiers, est trop programmatique - le mystère ne nait pas aussi facilement. La comparaison avec le Grec Canine, au pitch cousin, n'est clairement pas à l'avantage du Québécois. Car en restant à la lisière de tout, Curling finit par n'aller nulle part.