Cub
Un jeune scout d’une douzaine d’années va camper en forêt avec sa tribu de louveteaux. Hélas celle-ci est truffée de pièges machiavéliques remettant en question la survie de « la meute »...
NO, I DON’T WANT NO CUBS
A l’Étrange Festival, le réalisateur flamand Jonas Govaerts a souhaité présenter son premier long métrage en revenant sur l’image habituelle des enfants dans les films d’horreur, le plus souvent coincés entre deux clichés : la progéniture démoniaque ou le témoin inattaquable (difficile de faire jouer à de très jeunes comédiens des scènes traumatisantes). De quoi espérer voir ici les attentes déjouées ? Hormis une scène tout à fait jubilatoire mais hélas à moitié hors champ, les enfants ne meurent pourtant pas non plus dans Cub. Le film reproduit même le double écueil qu’il cherchait à éviter, mettant face-à-face un jeune protagoniste sans grande personnalité et un enfant sauvage agressif. Filmer un enfant se faire tuer brutalement reste un acte particulièrement subversif, une frontière que peu osent franchir, dans l’horreur comme ailleurs.
De subversif, il ne reste donc pas grand chose dans le reste de ce long métrage. Cub vise plutôt le versant fun de l’horreur, à coup de clins d’œil et références (la forêt s’appelle… Casseleroque). Vouloir rendre hommage à un genre adoré, à des réalisateurs ou des films admirés, est une intention louable sur le papier, et garantit au moins en retour la complicité du spectateur averti. Mais c’est aussi une facilité qui fait courir au film le risque de ne ressembler qu’à une combinaison de figures imposées. Cub ressemble à un film de fanboy fait pour flatter le fanboy, le genre de film qui nous assomme à force de vouloir à tout prix nous donner des coups de coude. Vous pensez qu’on exagère ? Passons donc sur ce personnage féminin qui ne sert qu’à être peloté puis tué. Le reste des codes et figures imposées du genre ont tout aussi bon dos : privés d’un cadre rigoureux, ceux-ci virent aux clichés fatigants.
L’impression générale de gâchis et de paresse est renforcée par un grand nombre d’approximations et invraisemblances. Spoilers : le méchant aurait passé des années à construire des pièges élaborés (au point d’en être ridiculement disproportionnés, on se croirait sur le plateau d’Attrape-souris) dans une forêt où l’on explique pourtant à plusieurs reprises que personne ne vient jamais ? Les scouts ne sont pas réveillés par le bruit ou l’odeur d’un charnier, mais par celui d’une simple gifle ? Etc… L’ambiguïté du dénouement serait appréciable si chacune des pistes proposées ne charriait pas son propre lot d’incohérences. On aurait aimé dire de Cub qu’il n’était que désincarné et programmatique, il est hélas surtout écrit à l’emporte-pièce.