Crave
États-Unis, 2012
De Charles de Lauzirika
Scénario : Robert Lawton, Charles de Lauzirika
Avec : Edward Furlong, Josh Lawson, Ron Perlman
Durée : 1h53
Photographe de scènes de crimes, Aiden est progressivement rongé par la violence qui l’entoure et sombre dans une paranoïa sans retour.
THE MAKING OF A VIGILANTE
Premier long métrage de fiction pour Charles de Lauzirika, que les DVDphiles reconnaîtront comme l'un des spécialistes de l'édition de galettes (responsable notamment des making of des films de Ridley Scott), Crave s'inscrit dans la lignée des films de vigilante réalistes comme Taxi Driver de Martin Scorsese, inévitable modèle du genre auquel on pense forcément. Malheureusement, malgré une approche plus distancée du sujet, presque post-moderne, l’œuvre de Lauzirika n'a pas grand chose à proposer d’intéressant. Le réalisateur et son directeur de la photographie redoublent d'efforts pour donner une certaine patine à cette entreprise fauchée tournée avec la Red One, qui bénéficie par ailleurs - merci tonton Ridley - d'avoir David L. Snyder (directeur artistique de Blade Runner) comme chef décorateur, mais jamais l'atmosphère ne prend vraiment. Par conséquent, la mise en scène ne parvient pas à transcender un scénario somme toute assez conventionnel dans ce qu'il décrit (l'inadaptation sociale d'un jeune homme en proie à ses désirs les plus violents) et relativement mal structuré et rythmé. On sent la volonté du cinéaste et de son co-scénariste de rester plus ou moins terre-à-terre, les envies de justice expéditive du protagoniste demeurant limitées à son imagination, mais le récit se fait alors répétitif et longuet, avec ces séquences fantasmées par trop systématiques. Le thème du vigilante étant relégué au second plan pour une bonne partie de l'intrigue, le film s'attarde alors sur une romance en fin de compte banale et donc relativement inintéressante, malgré certains accès de justesse. A ce titre, la voix off parvient par moments à se faire assez amusante, dans son décalage constant et dans ce qu'elle arrive à nous faire ressentir au travers du monologue intérieur du héros. Toutefois, au-delà de ces trop rares qualités, Crave s'avère un essai pas transformé.