Coraline
États-Unis, 2009
De Henry Selick
Scénario : Henry Selick d'après le livre éponyme de Neil Gaiman
Avec : Keith David, Dakota Fanning, Teri Hatcher, John Hodgman, Ian McShane, Jennifer Saunders
Photo : Pete Kozachik
Musique : Bruno Coulais
Durée : 1h41
Sortie : 10/06/2009
Coraline s'ennuie ferme dans son nouvel appartement : elle ne connaît personne et ses parents sont trop occupés pour s'intéresser à elle. Ne tenant pas en place, elle parcourt son nouvel environnement, extérieur comme intérieur, et découvre une porte secrète, la menant dans un univers parallèle où tout semble pareil mais qui se révèle trop beau pour être vrai...
CORA L'EXPLORATRICE
Coraline Jones est, comme son homonyme au fouet, une aventurière dont la curiosité n'a d'égal que le courage et la détermination. Ainsi, quand elle découvre un drôle de passage secret dans sa nouvelle maison, elle n'hésite pas à se lancer pour découvrir ce qui se cache de l'autre côté du couloir. Mais en guise de lapin blanc, c'est un chat noir qui fera office de repère dans ce nouveau monde où tout est légèrement différent, où tout est mieux : une "autre mère" qui la gâte de bons petits plats, un "autre père" joueur, des voisins encore un peu plus fantasques… Elle pourrait vivre là pour toujours si, évidemment, elle acceptait de se coudre des boutons à la place des yeux, autrement dit de se voiler la face et de croire naïvement que ce monde parfait existe vraiment. Seulement Coraline n'est plus une si petite fille et a vite fait de peser le pour et le contre de cette vie remplie de jolies fleurs et de barbe à papa où tout est désespérément faux. Comme un triste apprentissage, un rite de passage de l'enfance à l'âge adulte, Coraline découvrira toute l'horreur de ce monde féérique une fois ses illusions déçues.
Le film - comme le livre sur lequel il est basé - a beau s'adresser à des enfants, il est extraordinairement sombre, offrant même de réels moments de tension. Une certaine mélancolie le parcourt, renforcée par la musique étrange de Bruno Coulais et surtout le charme désuet de la stop-motion (magnifiée par la 3D), et on retrouve ici tout le talent qu'Henry Selick avait mis dans L'Etrange Noël de Monsieur Jack - même si avec un peu moins de folie. L'œuvre de Neil Gaiman, un vrai bijou lorgnant plus vers l'épouvante pour (grands) enfants que vers le fantastique, est ici adaptée plutôt fidèlement, la seule vraie fantaisie du long métrage étant l'ajout d'un personnage qui, s'il dynamise l'histoire, se révèle aussi un peu encombrant : sans crier au sexisme, il change quand même quelque peu la donne en empêchant Coraline de vivre seule cette aventure. Celle-ci s'avère en tout cas plus originale et intelligente que toutes les "disneyeries" habituelles, et sera aussi sûrement source de quelques cauchemars dans les chaumières…