Festival de Deauville: Cop Car
États-Unis, 2015
De Jon Watts
Scénario : Christopher D. Ford, Jon Watts
Durée : 1h29
Au fin fond des États-Unis, le shérif véreux d'une toute petite ville se lance à la poursuite des deux enfants de dix ans qui lui ont volé sa voiture…
UN FLIC A LA MATERNELLE
L'affiche de Cop Car, second long métrage de Jon Watts après le film d'horreur Clown, est dominée par un Kevin Bacon géant tandis que deux garçonnets apparaissent en bas du poster, cachés derrière le titre. C'est pourtant d'eux qu'il s'agit dans ce thriller assez inédit et presque involontaire. Deux gosses s'amusent à des jeux potaches dans la nature, tombent sur une voiture qui semble abandonnée et se mettent à la conduire - ça ne doit pas être plus compliqué qu'une partie de Mario Kart. Ce début est efficace et plutôt singulier. Les gamins ne sont pas des animaux de cirque et ne sont pas dirigés comme tels. Ils s'expriment sans ironie ni second degré surécrit de cool kids qui viendraient poser pour une marque de vêtements - on croit à ces gosses-là comme s'ils sortaient d'une production des 80s et c'est la première réussite du film.
Watts privilégie avec succès le minimalisme: des enjeux, de l'action, des dialogues. Le piège se referme sur les jeunes héros et le cinéaste exploite à merveille l'ambigüité de Kevin Bacon pour faire planer l'inquiétude. C'est ensuite un risque un peu loupé que le film prend: peu à peu, on bascule du film de gosses assez particulier au film de mecs labellisé badass qu'on a l'impression d'avoir déjà vu 36 fois. Jon Watts s'en tire honnêtement, notamment par la sécheresse de son traitement avec de l'affrontement là aussi épuré, sans musique - juste le son entêtant du moulin à vent. Heureusement, lors de son dénouement, Watts récupère le film de gosses avec un finale surprenant et doté d'une belle ampleur dramatique. Cop Car est une jolie petite réussite, dommage que son réalisateur se soit précipité vers un énième reboot débilisant de Spider-Man pour son prochain film.