Confessions
Kokuhaku
Japon, 2010
De Tetsuya Nakashima
Scénario : Tetsuya Nakashima
Avec : Takako Matsu
Photo : Masakazu Ato, Atsushi Ozawa
Musique : Toyohiko Kanahashi
Durée : 1h46
Yuko Moriguchi a arrêté de vivre depuis que sa petite fille de quatre ans, Manami, a été retrouvée noyée dans la piscine de l’école où elle enseigne. D’après le rapport de police, il s’agirait d’une mort accidentelle. Mais l’institutrice n’est pas dupe et suspecte deux de ses jeunes élèves d’être les responsables…
UN COLLÈGE FOU FOU FOU
Qui pouvait attendre Tetsuya Nakashima sur un film tel que Confessions? Révélé sur la scène internationale par Kamikaze Girls, sympathique potacherie kawaii, Nakashima s'était distingué ensuite avec Memories of Matsuko, sorte d'enfant trash de Douglas Sirk trempé dans la marmite colorée et hautement hallucinogène des clips des Morning Musume. Rien qui ne nous préparait vraiment au sérieux de ce dernier long métrage, qui a valu à Nakashima un triomphe en salles au Japon, une razzia de prix à l'Académie Japonaise (qui récompense les meilleurs films nippons de l'année), et a manqué d'un souffle la nomination à l'Oscar du film étranger après avoir figuré dans l'ultime shortlist. Confessions aborde sans l'ironie ou les coquetteries des précédents films du cinéaste le thème de la délinquance juvénile dans un Japon où la hiérarchie est mise à mal, frêle professeur dans une classe qui ne l'écoute pas. Le brouhaha est d'abord permanent dans Confessions, ladite confession, qui en annonce d'autres, devra se frayer un chemin dans les bruits incessants et ce chœur de sms. Et finalement se faire entendre par une jeunesse en perte de repères.
Nakashima, venu de la publicité, délaisse les univers surcolorés qu'il connait bien pour cet objet froid et fascinant, glacé et pourtant hypersensible, enveloppé d'un clair-obscur permanent qui donne l'impression que des nuages passent non pas à la fenêtre mais dans la salle de classe même. Un traitement visuel qui ajoute à la tension dramatique du film mais aussi à son mystère, son étrangeté que Nakashima distille par une succession de plans quasi surréalistes et un abus presque abstrait du ralenti. La tragédie dont parle Confessions (la mort d'une fillette) est prétexte à un mal plus grand encore et sur lequel il est difficile de mettre un nom ou une explication. La structure en Rashomon tente de cercler le problème, les ralentis sur chaque détail tente de capturer les gestes et comportements, mais la prégnance visuelle d'un bizarre onirisme confirme qu'il n'y a là pas de clef. D'où le fascinant chausse-trappe que constitue le film: on s'attend à un vengeance dont le menu est d'une perversité absolue, mais la terreur dans Confessions est avant tout psychologique, insaisissable. Comme sur les précédents longs de Nakashima, une certaine surcharge finit par peser sur le film, qui passe la ligne d'arrivée un peu à bout de souffle. Mais Confessions fait partie de ces essais imparfaits qui n'empêchent pas l'envoutement. De quoi rendre curieux sur le futur du cinéaste...
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Le film sera diffusé dans le cadre de L'Etrange Festival qui se déroule du 2 au 11 septembre.