Come Out And Play
Juego de niños
Mexique, 2012
De Makinov
Scénario : Makinov
Avec : Vinessa Shaw
Photo : Makinov
Durée : 1h35
Beth et Francis prennent quelques jours de congé avant la naissance de leur futur enfant. Malgré les réticences de Beth, Francis insiste pour s’arrêter sur une petite île respirant la tranquillité. Ils découvrent peu de temps après leur arrivée que les lieux semblent habités uniquement par des enfants. L’absence d’adultes pourrait s’expliquer par le passage récent d’un festival sur l’île, mais Beth et Francis réalisent rapidement que les raisons de ces disparitions sont beaucoup plus sinistres. Le couple va devoir affronter l’horreur pour quitter l’île sain et sauf.
L'ILE AUX ENFANTS
Remake du film culte de Narciso Ibanez Serrador, Les Révoltés de l'an 2000 (traduction désormais totalement kitsch du titre original, Quién puede matar a un niño?), Come Out and Play est un paradoxe à lui tout seul. Paradoxe temporel tout d'abord: hormis quelques plans où un voile 70's vient emballer l'image, Come Out and Play n'a pas de date. Il se déroule aujourd'hui comme il pourrait se passer en 1976, quand Les Révoltés... est sorti en salles, preuve de la force d'un récit original qui n'a même pas besoin d'un coup de plumeau. Pourquoi ce remake alors ? C'est, en effet, une question qui se pose. Sans donner dans la relecture post-moderne du Psycho de Gus Van Sant, Come Out and Play est extrêmement fidèle aux Révoltés.... C'est sa limite (ceux qui ont déjà vu l'original connaissent déjà beaucoup de Come Out...), c'est aussi ce qui fait son attrait. D'abord par ce trouble temporel qu'on vient d'évoquer, ensuite parce que Makinov évite le piège principal qui se cachait derrière cette relecture des Révoltés...: percer le mystère.
Car on ne compte plus ces remakes (parfois réussis, cf La Colline a des yeux) qui pensent qu'il faut absolument tout expliquer des zones d'ombre de l'original. L'ombre des Révoltés... était essentielle, nourrissant toute la parabole du sujet et toute la tension de cette révolte enfantine énigmatique. Makinov n'y touche pas, épure, comme sa bande son composée d'un grondement de basse et de percussion. Le principal ajout ici réside dans les plans trash, une violence plus évidente que chez Serrador. Superflu ? Pas vraiment, car le récit cocotte-minute de Come Out and Play rend cette violence extrêmement libératrice, jubilatoire, et parfaitement ambiguë. Come Out... se limite souvent, pour ceux qui auraient vu Les Révoltés..., à un exercice de style, mais ce qu'on voyait déjà comme une entreprise mercantile et creuse se révèle plus stimulante que prévu.