Chameleon
Buqälämun
Azerbaïdjan, 2013
De Elvin Adigozel, Ru Hasanov
Scénario : Elvin Adigozel, Ru Hasanov
Durée : 1h12
Nijat, un jeune homme dénué de toute émotion, revient à Goychay, la ville de son enfance, après des années passées à l’étranger. S’il reste mystérieux sur son activité professionnelle, il est parfaitement clair quant à sa détresse financière et demande à un vieil ami de la famille de l’aider à vendre la maison de son défunt père. Ali, un contremaître du bâtiment originaire de Bakou, anticipe une importante promotion dans sa carrière. Déjà nommé assistant du directeur régional de l’équipe de construction d’une grande route, il décide de s’installer à Goychay avec sa femme et son tout jeune fils. En attendant, il vit chez son patron avec qui il noue une solide amitié. Il faudra trois jours pour trouver un nouveau propriétaire à la maison de Nidjat; durant ce temps, toutes les personnes impliquées dans la transaction seront mises au défi de questions morales et éthiques auxquelles elles n’avaient jamais été confrontées auparavant.
N'OUBLIE PAS QUE TU VAS MOURIR
Comme le disait Pat Benatar, l’amour est un champ de bataille. Le cinéma, parfois, peut être une épreuve, par exemple quand il ressemble à ce Chameleon. Le premier long métrage de l’Azéri Elvin Adigozel et du Russe Ru Hasanov est une parodie involontaire du pire du cinéma d’auteur qui parvient à être déjà intolérablement ennuyeux en quelques secondes de film. Il y a les cinéastes qui pensent que s’il y a du cul ou de la nudité à l’écran, il se passe quelque chose, on ne verra pas qu’il ne se passe rien. Il y a aussi ces cinéastes qui pensent que si leurs plans durent une éternité pour ne rien dire, on ne remarquera pas que leur film est vide ; mieux, il ne s’agira pas d’un court métrage vide puisqu’en délayant bien fort, on peut parvenir à 72 minutes de mecs bourrus sur des chantiers, d’autres qui prennent trois plombes pour se mettre en slip, d’autres qui conduisent conduisent conduisent filmons donc la route et d’autres enfin qui hiératiques s’interrogent dans la nature immobile. Cynisme facile ? On aimerait vous y voir. Chameleon a peut-être des qualités qui nous ont échappé, mais ce film ressemble surtout à un vol pur et simple : celui d’1h12 de vie de ses spectateurs. Chameleon est sélectionné dans la catégorie Cinéastes du présent au Festival de Locarno. Qu’Adigozel et Hasanov vivent dans le présent, pas de doute là-dessus. Pour le reste…