César 2014: le bilan !
Les César 2014, c’est fini ! Quels sont les gagnants et les perdants de cette 39e édition ? FilmDeCulte fait le bilan.
ET LE CESAR DU MEILLEUR GENTIL EST ATTRIBUE A…
Avec 5 prix, Les Garçons et Guillaume, à table ! est le grand gagnant de cette 39e cérémonie des César : meilleur montage, meilleur scénario adapté, meilleur acteur, meilleur premier film et meilleur film. Le grand perdant saute aux yeux : La Vie d’Adèle repart avec un pauvre César, celui du meilleur espoir pour Adèle Exarchopoulos (c’était bien le minimum). Au-delà de ce qu’on peut penser de ces deux films (La Vie d’Adèle figurait dans notre top 3 de l’année 2013 mais Les Garçons… avait plutôt été apprécié par la rédaction), c’est malgré tout un sentiment d’absurdité qui domine après ce palmarès.
Il faut tout de même une sacrée dose d’auto-dépréciation typiquement frenchy pour bouder à ce point le film français dont on a le plus parlé en 2013 – pas seulement en France, mais dans le monde. Palme d’or décernée par Steven Spielberg, lauriers américains lors de la saison Oscar (récompense pour laquelle le film était inéligible à cause de sa date de sortie française), succès en salles pour un film hors normes (un million d’entrées pour une fresque de trois heures d’une romance lesbienne dans un contexte pas spécialement gay-friendly et suite à une polémique rocambolesque)... ça n’est pas suffisant pour une Académie qui retombe dans ses travers de prix décernés à des gagnants sympas et gentils. Les Garçons et Guillaume, à table ! est sympa. La Vie d’Adèle est méchant. Guillaume Gallienne est gentil. Abdellatif Kechiche est devenu, comme nous notions déjà dans nos pronostics, le grand méchant loup officiel du cinéma français (lui qui était tellement « sympa » à l’époque de L’Esquive et de La Graine et le mulet). Les votants punissent donc Kechiche et son film avec, qui se retrouve moins récompensé que… Michael Kohlhaas. On se croirait revenu il y a quelques années où l’on nommait tous les deux ans (voire plusieurs fois la même année) des actrices gentilles comme Isabelle Carré ou Cécile de France qui étaient parfois récompensées tandis que des Juliette Binoche (par ailleurs volée d’une nomination cette année pour Camille Claudel 1915 par le pas assez sympa Bruno Dumont) ou Isabelle Huppert restaient assises dans leur fauteuil du Théâtre du Châtelet ou devant leur télé. Surtout : ne rayonnez pas trop. Tout cela est peut-être sympa, mais le cinéma n’y gagne pas vraiment.
Cette impression est renforcée par le côté « prix de gros » des César attribués à Les Garçons et Guillaume, à table !. Que Gallienne soit sacré meilleur acteur pour son tour de force, qu’il remporte le prix du meilleur premier film face à des concurrents plus confidentiels, ça n’a rien de surprenant ni d’immérité. Mais meilleur montage ? Meilleur scénario adapté ? Pour l’Académie, le nec plus ultra de l’adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre, c’est une alternance de scènes avec le héros sur scène, « comme au théâtre », et la reconstitution de ce qu’il raconte, « comme au cinéma » ? Récompenser une adaptation justement assez paresseuse en termes de cinéma révèle à quel point le film pouvait bien tout gagner. Et l’on s’est retenu de rire lorsque le clip de présentation des nominations pour les meilleurs costumes présentait Guillaume Gallienne… en polo blanc. Le film était également nommé au meilleur son et meilleur décor. Étrangement, il était absent de la catégorie animation.
D’autres articles grogneront probablement après cette razzia. Et devraient logiquement être accusés de faire du backlash Gallienne (comme il y a eu, au lendemain de Cannes, un backlash Kechiche). Ce serait de la pure paresse intellectuelle – car ce palmarès, par ce choix extrême, est certainement plus discutable que d’autres. Et il est assez piquant de voir qu’une personne aussi controversée que Roman Polanski, gagnant surprise pour un film formidable mais qui a bidé (ce qui n’arrive jamais dans la catégorie réalisateur), est devenu un choix plus gentil que Kechiche. Mais entre les prix pour Gallienne, ou le beau César décerné à Sandrine Kiberlain pour son contre-emploi dans 9 mois ferme, ces César auront au moins eu un mérite : faire taire les jérémiades sur les comédies soi-disant boudées par l’Académie.
Un mot, enfin, de la cérémonie. Après le show globalement insultant de l'an passé, Cécile de France, pas forcément toujours très à l'aise, a néanmoins apporté un peu de fraicheur à une cérémonie toujours aussi glacée (dont le leitmotiv a été des gros plans répétés à l'infini et avec une certaine lourdeur sur Julie Gayet). Le choix plus soigné des remettants, qui nous a épargné les potiches, has been et comiques télé habituels, y est peut-être aussi pour quelque chose. A l'image du sketch de Pierre Niney qui ressemble déjà à un for your consideration pour son possible César du meilleur acteur en 2015. Qu'il n'oublie pas, pour le mériter, d'être très gentil toute l'année.
PS: François Ozon - 30e et 31e nominations pour ses films avec Jeune et jolie, et aucun César. Le running gag tient toujours...
Pour retrouver le palmarès complet des César, cliquez ici !
Et pour ne rien louper de nos news, dossiers, critiques et entretiens, rejoignez-nous sur Facebook et Twitter !