César 2011 : nos pronostics
Le 25 février aura lieu la 36e cérémonie des César. Les nominations ne seront dévoilées que vendredi, mais FilmDeCulte vous fait part de ses pronostics pour quelques catégories.
Chaque début d’année, à l’époque où s’enchainent les cérémonies, certains se plaisent à railler les goûts soit-disant trop sages des Oscars. Ce serait occulter que, malgré les récompenses attribuées ces dernières années à des films effectivement modernes (L’Esquive, La Graine et le mulet, Un prophète…), nos César du cinéma ne brillent pas forcément toujours par leur folle originalité. Le rythme de cette soirée sans surprise reste à l’image d’une conception un tantinet plan-plan du cinéma, où l’originalité pèse souvent moins que le consensus. Alors passons tout de suite sur les films qui, malgré (où à cause de) leur audace n’ont quasiment aucune chance d’être nominés (Enter the Void, Film Socialisme, Rubber…) et allons directement voir ce qui va plus probablement nous attendre.
MEILLEUR FILM
Le grand favori cette année semble être Des hommes et des dieux, qui a à la fois emballé le Festival de Cannes, les critiques et le grand public, et qui représente la France aux prochains Oscars. L’accueil a été tellement unanime que le film semble difficile à battre. Parmi les autres grands succès populaires de l’année on retrouvera probablement les inévitables Petits mouchoirs, Mammuth et Potiche, tous portés par des acteurs adorés. Il y a également La Rafle, mais suite aux déclarations hallucinantes de bêtise et d’arrogance de Rose Bosch, insultantes pour le public, on espère très fort que si elle obtient un César, ce sera plutôt dans la tronche. Restera-t- il assez de place pour les autres favoris de la critique, tels que Tournée, Vénus Noire, ou dans une moindre mesure Gainsbourg, vie héroïque ? Tout cela risque en tout cas d’être fortement contrebalancé par l’accueil qui sera réservé aux films franco-étrangers comme Mystères de Lisbonne et surtout The Ghost Writer, qui pourrait sans problème rafler l’ultime récompense.
MEILLEURE ACTRICE
C’est l’une des catégories la plus représentative du coté très mémère/fade dont les César n’arrivent toujours pas à se défaire. Que penser d’une cérémonie où Isabelle Carré en est déjà à sa septième nomination en 15 ans (vous avez dit disproportionné?), et où en huit ans à l'écran, Cécile de France à déjà glané autant de statuettes que Catherine Deneuve et deux fois plus qu’Isabelle Huppert dans toutes leurs carrières ?! Cette dernière, malgré l’accueil critique de White Material, devrait logiquement passer à la trappe et laisser une fois de plus la place à de braves actrices plus grand-public, telles qu’Isabelle Carré –encore – pour Les Émotifs anonymes, Vanessa Paradis pour L’Arnacoeur, ou Marion Cotillard pour Les Petits mouchoirs. Catherine Deneuve devrait par contre avoir plus de chance. Elle qui n’a pas été nommé dans cette catégorie depuis 1999 pourrait bien régner sur la soirée grâce à son interprétation dans Potiche. Sa seule très sérieuse concurrente sera sans doute une autre chouchou des César, Kristin Scott Thomas, dans un rôle absolument inattendu pour elle : celui d’une femme digne en plein doute existentiel. Elle pourrait bien bénéficier du coté "grand sujet fédérateur" de son film Elle s’appelait Sarah, et remporter sa toute première statuette.
MEILLEUR ACTEUR
Gérard Depardieu ne devrait avoir aucun mal à battre son propre record et obtenir sa 16e nomination (et peut-être un 3e césar) pour Mammuth, mais Romain Duris bénéficie en contrepartie d’une double présence sur les écrans cette année : dans L’Homme qui voulait vivre sa vie et L’Arnacoeur. Sa nomination semble acquise, mais pour quel film ? Tout se jouera en tout cas probablement entre ces deux acteurs. Parmi les autres nominés, on devrait retrouver Lambert Wilson, qui a également une double actualité cette année (La Princesse de Montpensier et Des hommes et des dieux), et Eric Elmosnino pour Gainsbourg, vie héroïque. En contender, Jean Dujardin a lui aussi ses chances pour Un balcon sur la mer, et pourrait bien prendre la place du multi-récompensé mais complètement inconnu Edgar Ramirez de Carlos.
FILM ETRANGER
C’est sans conteste la catégorie la plus Royco/mémère de la cérémonie, où le consensuel prime le plus souvent sur l’originalité. On devrait donc sans problème y retrouver cette année ce qui constitue la sainte trinité de cette catégorie. 1) Clint Eastwood, le chouchou des chouchous, qui en est déjà à son 3e césar en 7 ans (vous avez redit disproportionné ?). L’accueil d’Invictus a peut-être été un peu trop mou pour lui assurer une 4e victoire, mais son absence de nomination serait un vrai séisme. Peut-être sera-t-il remplacé par un autre enfant chéri, Woody Allen, qui en serait lui à sa 10e nomination ? 2e catégorie inévitable: le cinéma britannique, avec probablement Tamara Drewe et Another year. Et 3e) Les films étrangers francophones, bien sûr ! Chauvinisme ? Manque de curiosité flagrant devant d’autres langues que l’anglais et le français, plutôt. Qui avait vu venir, ces dernières années, les nominations d’Eldorado ou Panique au village ? On pourrait retrouver du coup cette année Les Amours imaginaires, Illégal ou Un homme qui crie (qui serait tout de même le premier film africain nommé depuis... Les Dieux sont tombés sur la tête en 84 !). L’absence ridicule et sempiternelle de films asiatiques parmi les nominés (le dernier était Le Voyage de Chihiro, il y 8 ans !) prendra peut-être fin cette année grâce au beau Poetry. Mais surtout, le raz de marée critique et le succès relatif en salle de Mystères de Lisbonne relevaient-il de l’hallucination collective ou se concrétiseront-ils en statuette magique ?
AUTRE CATÉGORIES
On imagine déjà qui devrait remporter le césar du meilleur court métrage. Petit tailleur, Le film de Louis Garrel a en effet bénéficié de nettement plus de médiatisation que les autres, et l’effet star devrait jouer. On ne voit d’ailleurs pas comment Léa Seydoux (qui joue dedans) pourrait échapper au César de la révélation féminine pour Belle Epine ou l’un de ses autres rôles cette année. A moins qu’elle ne reçoive tout simplement un prix pour l’ensemble de sa carrière, ce qui irait de paire avec l’hypermédiatisation qui l’a entourée cette année. Elle pourrait néanmoins perdre face au très populaires jeunes actrices de Tout ce qui brille, dont le film devrait justement briller sans problème dans les nominations autant qu’en salles. Le tout nouveau César du film d’animation semble tout cuit pour L’Illusionniste, malgré son petit succès en salle. Quand aux catégories techniques, ce sera a nouveau l’occasion de rire (jaune) un bon coup, puisque les films novateurs et méritants y sont régulièrement snobés au profit de succès populaires (qui a oublié l’invraisemblable nomination de Welcome l’an dernier en meilleur photo ?). On attend donc de voir à quelle sauce seront traités les pourtant très méritants White material, Rubber et Enter the Void.
Alors qui donc succédera à Un prophète ?
Qui, de Claude Chabrol ou Alain Corneau, aura droit au plus vibrant hommage ?
Quels acteurs avec déjà dix ans de carrière derrière eux seront nommés en meilleurs espoirs ?
Qui va tenter de mettre un peu de pep’s dans la soirée ?
Qui va enfin réaliser un jour qu’Antoine de Caunes est un présentateur complètement ringard ?
Qui a pensé à vérifier que Jeanne Balibar ne reviendrait pas chanter cette année ?
Qui, après Will Smith, Charles Aznavour et même Diana Ross (véridique !) recevra un césar d’honneur bien mérité ? Bon pour cette dernière question il suffit en fait de regarder qui sera en promo à Paris à Ce moment-là, vous pouvez faire le jeu chez vous.
La réponse à toutes ces questions le 25 février !