César 2011: le compte-rendu

César 2011: le compte-rendu

La 36e cérémonie des César a révélé son palmarès. Bonnes et mauvaises surprises de la soirée, FilmDeCulte fait le point sur la fête du cinéma français...

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On sait que critiquer la cérémonie des César est un sport national, entre ceux qui lui reprochent à tort son snobisme et son élitisme (alors qu'on ne récompense que des films ayant marché en salles, on retrouvait par exemple cette année L'Arnacoeur, grand exemple de cinéma hyper élitiste qui ferait perdre ses cheveux à Nuri Bilge Ceylan) et ceux qui se moquent perpétuellement d'un show glacial et mal rythmé. La 36e cérémonie aura donné de la matière pour ces derniers. Après un montage de films recopié sur les prestations de Billy Crystal aux Oscars il y a dix ans mais qui a su éveiller l'espoir, plus rien à signaler. Juste des bides. Ceux d'Antoine de Caunes (rendez-nous Valérie Lemercier), celui, intersidéral, d'Elie Semoun, ceux de remettants qui en sont encore, en 2011, à se demander "que serait le cinéma sans [insérer ici la catégorie dont il est question]", celui du gag du 1000e César avec une apparition de fanfare qui donnait l'impression de revivre la scène de la remise de prix italienne dans Somewhere et, globalement, toujours cette espèce d'idée que les César doivent sans cesse jouer l'ironie, montrer absolument qu'au fond, cette statuette, on s'en fiche un peu, on est au-dessus de ça, on n'est pas aux Oscars. Mais pourquoi venir ? Pourquoi organiser une cérémonie ? Alors on essaie quand même d'y mettre les formes, mollement.

L'hommage cinéma de Jérôme Deschamps sentait pourtant la poussière et finalement, le moment le plus drôle de la soirée (outre l'utilisation de jpeg cheap et vengeurs pour les nommés absents) était le clip des nommés pour le César des costumes, avec des plans sur un bleu de travail, une blouse et un fichu pour justifier la formidable nomination de Des hommes et des dieux. Certains choix étonnent. L'hommage à Bernard Giraudeau était réussi, mais comment passer sous silence les malheureuses quelques secondes consacrées à Claude Chabrol ? Le discours, plus tard dans la soirée, de François Cluzet, a un peu rattrapé le coup mais négliger à ce point un cinéaste majeur, certes déjà ignoré par l'académie de son vivant (aucun César) surprend. Et ironiquement, on ne sait pas comment les décisions sont prises, mais parvenir à faire venir, hier, une légende comme Olivia de Havilland sans lui consacrer d'hommage dans une cérémonie qui a attribué des César d'honneur ces dernières années aux carrières de Jude Law ou de Will Smith (!) laisse au mieux songeur, au pire consterné.

Et le palmarès ? Pas si mal. Trois prix mérités pour Des hommes et des dieux (film, second rôle pour Lonsdale, photo). Quatre beaux prix pour The Ghost Writer (réalisateur, scénario adapté, musique et montage). Côté espoirs, la victoire de Edgar Ramirez dans Carlos paraît logique, celle de Leïla Bekhti pour Tout ce qui brille, même si l'on aurait aimé que Yahima Torres soit primée pour son tour de force dans Vénus noire, sonne comme un heureux bug dans le plan com' huilé de la team Seydoux. Le César attribué à The Social Network met momentanément fin à la ridicule hégémonie de Clint Eastwood dans la catégorie du meilleur film étranger. On a plus de mal avec le César du meilleur documentaire pour Océans, qui traduit une vision un peu vieillotte du genre, ou avec le prix du premier film à Gainsbourg, vie héroïque, dans une catégorie de toute façon assez peu excitante. Hier soir, les César étaient les César. Et ils n'ont pas pu s'empêcher de l'être encore plus au moment du César de la meilleure actrice. Voir Sara Forestier gagner dans une catégorie où se trouvent Catherine Deneuve et Charlotte Gainsbourg restera le point d'orgue d'une soirée ratée et dont le meilleur moment était... le clip consacré à la filmographie de Quentin Tarantino.

MEILLEUR FILM
Des hommes et des dieux réalisé par Xavier Beauvois

MEILLEUR RÉALISATEUR
Roman Polanski pour The Ghost Writer

MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
Baya Kasmi et Michel Leclerc pour Le Nom des gens

MEILLEURE ADAPTATION
Robert Harris et Roman Polanski pour The Ghost Writer

MEILLEUR ACTEUR
Eric Elmosnino dans Gainsbourg, Vie héroïque

MEILLEURE ACTRICE
Sarah Forestier dans Le Nom des gens

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
Michael Lonsdale dans Des Hommes et des Dieux

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
Anne Alvaro dans Le Bruit des Glaçons

MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
Edgar Ramirez dans Carlos

MEILLEUR ESPOIR FÉMININ
Leila Bekhti dans Tout ce qui brille

MEILLEUR PREMIER FILM
Gainsbourg, vue héroïque réalisé par Joan Sfar

MEILLEUR SON
Daniel Sobrino, Jean Goudier et Cyril Holtz pour Gainsbourg, vie héroïque

MEILLEURE MUSIQUE ÉCRITE POUR UN FILM
Alexandre Desplat pour The Ghost Writer

MEILLEURE PHOTO
Caroline Champetier pour Des hommes et des dieux

MEILLEURS DÉCORS
Hugues Tissandier pour Les Aventures Extraordinaires d'Adèle Blanc-sec

MEILLEURS COSTUMES
Caroline de Vivaise pour La Princesse de Montpensier

MEILLEUR MONTAGE
Hervé Deluze pour The Ghost Writer

MEILLEUR FILM ÉTRANGER
The Social Network réalisé par David Fincher

MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE
Océans réalisé par Jacques Perrin

MEILLEUR COURT-MÉTRAGE
Logorama par H5

MEILLEUR FILM D'ANIMATION
L'Illusioniste réalisé par Sylvain Chomet

CÉSAR D'HONNEUR
Quentin Tarantino

par Nicolas Bardot

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