Celui que nous laisserons

Celui que nous laisserons
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Celui que nous laisserons
O que se move
Brésil, 2013
De Caetano Gotardo
Scénario : Caetano Gotardo
Durée : 1h37
Sortie : 02/10/2013
Note FilmDeCulte : ***---
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Le quotidien de trois familles se trouve subitement bouleversé. Celle de Pedro, dont le rythme de vie flegmatique est soudainement chamboulé par une visite inattendue ; celle d’Eduardo, qui, alors qu’il envisage de partir en vacances avec femme et enfant, commence à ressentir une étrange douleur ; celle enfin d’Ana et João, qui s’apprêtent à retrouver leur enfant volé à la naissance, seize années auparavant.

LES PARENTS TERRIBLES

Celui que nous laisserons a beau être le premier long-métrage de Caetano Gotardo, celui-ci n’est pas entièrement un inconnu. Collaborateur de longue date de Juliana Rojas et Marco Dutra (il a monté leur enthousiasmant Trabalhar Cansa), ceux-ci lui renvoient en quelque sorte l’ascenseur en assurant ici respectivement les postes de monteur et compositeur. Mais cette manière de travailler en troupe n’est pas qu’un échange de bons procédés, car Gotardo possède son propre univers, loin des fables surnaturelles du duo Rojas/Dutra. A priori, rien de plus réaliste et grave que ces histoires de filiations contrariées, où le drame plane au-dessus du quotidien tel un nuage orageux prêt à éclater sans crier gare.

Celui que nous laisserons combine trois récits, trois histoires de parents confrontés au drame et à l’angoisse. Or, si chacune de ces histoires met en scène un événement extraordinaire, Gotardo les traite à chaque fois avec une surprenante distance, un mélange paradoxal de pudeur et d’artificialité assumée. Artificialité car chaque récit se clôt par une chanson interprétée de manière inattendue par l’un des protagonistes, complainte sur la douleur d’être parent. Et pudeur car le film prend le parti audacieux de construire chacune de ces histoires autour d’un gigantesque non-dit (qu’est-il réellement arrivé à tel personnage ? Untel est-il réellement coupable ? Qui est vraiment le fils de qui ?). Ce n’est qu’au dénouement que chacun des récits prend son sens. Une manière de ne jamais trop expliquer qui donne au film un certain mystère mais aussi une vraie lenteur.

Celui que nous laisserons est un film qui donne peu de réponses, et laisse la porte ouverte à l’étrange et à l’inattendu, comme ce long plan d’un cygne noir en train de nager. Quitte à parfois laisser passer des courants d’air, là où le film aurait sans doute gagné en rythme. Gotardo parle d’un malaise qui passe de personnage en personnage, une amertume à l’origine inconnue. Et si chaque personnage doit faire l’effort de chercher d’où vient cette angoisse, cet effort est également celui du spectateur. C’est finalement un autre film brésilien qui revient ici en mémoire : l’étrange Neighbouring Sounds. On retrouve dans Celui que nous laisserons une même manière inédite de contourner les codes du film choral et de relier les récits entre eux.

par Gregory Coutaut

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