Cannes 2015 : Panama
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Jovan et Maja vivent une relation libre et sans attaches. Très vite, l’attitude mystérieuse de Maja trouble Jovan. Il la suit à la trace sur les réseaux sociaux et se persuade qu’elle mène une vie parallèle. Pris dans une toile de mensonges, de jalousie et de sexe passionné, Jovan perd le contrôle, essayant désespérément de comprendre qui elle est réellement.
TU SERAS UN HOMME
Jovan est un mec, un vrai. Un mec qui fait des concours avec ses potes pour savoir qui emballera le plus de filles, un mec qui rêve de baiser « comme dans un porno », un mec à qui tout est acquis à coups de copinage (place en fac, stage, job) grâce à la fraternité masculine. Mais Jovan est aussi un personnage de cinéma, un vrai. Pas un monolithe manichéen, mais un personnage avec des nuances. Plus posé que ses amis queutards, il n’est qu’à moitié convaincu au moment de jouer les durs et de proposer à sa copine de vivre une relation libre. Surprise : elle accepte sans chichis. Malgré sa mâchoire et ses épaules carrées, Jovan va mettre tout le film à se remettre de cette réponse. Maja est-elle docile, bonne poire, manipulatrice ou pire… couche-t-elle vraiment avec d’autre mecs ?
Premier film d’un jeune réalisateur venu de Serbie, Panama pose une question pas banale : c’est quoi être un mec hétéro ? Sans apporter de réponse définitive, le film suit l’apprentissage hésitant de Jovan, qui perd peu à peu pied face à un rôle de don juan qu’il ne sait plus comment tenir. A la fois esclave de son envie de sexe et piégé par le mystère féminin. Pavle Vuckovic mène cette enquête en prenant son temps (parfois un chouia trop) mais en slalomant assez finement à l’écart des clichés. Notamment en ce qui concerne les scènes de sexe, présentes sans l’être trop, loin de toute fascination ado pour le glauque ou le cru.
Le vertige de Jovan ne va pas jusqu’au trouble fantastique (hormis peut-être lors d’un très beau plan furtif de flaque d’eau), et dans son scénario comme dans sa mise en scène, Panama reste avant tout factuel. Mais pour un premier film (sur lequel tout le monde est débutant, y compris les acteurs principaux pourtant très convaincants), Vuckovic fait quand même preuve d’un point de vue singulier et bienvenu sur ses personnages : une manière d’être bienveillant sans être dupe, et sans condescendance. A la question « c’est quoi, se comporter en mec », le film a l’humilité de faire réfléchir sans apporter de réponse définitive.
