Candyman

Candyman
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Candyman
États-Unis, 2021
Durée : 1h31
Sortie : 29/09/2021
Note FilmDeCulte : ****--
  • Candyman
  • Candyman

D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de tueur avec un crochet en guise de main, convoqué en répétant son nom 5 fois devant un miroir. Dix ans après que la dernière des tours de la cité ait été détruite, l’artiste peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité, aujourd’hui complètement nettoyé et reconverti en résidence réservée à une classe sociale jeune et aisée. Désireux de relancer sa carrière, le jeune artiste commence à se servir des détails de cette macabre histoire comme source d’inspiration pour ses tableaux, sans se rendre compte qu’il rouvre la porte d’un passé trouble...

DE CANDYMAN A CANDY-MAN

A l'origine de ce projet de nouveau Candyman, on retrouve Jordan Peele, élu nouveau chantre de l'horreur noire depuis son Get Out, un choix tout à fait logique quand on connaît la portée sociale du film original. Ce qui va de soi, c'est non seulement de voir Peele co-écrire et produire ce nouveau chapitre, mais surtout de voir des artistes noirs s'octroyer une voix au dit chapitre. En premier lieu, ce Candyman surprend déjà en se révélant être non pas un vulgaire remake ni même un simple reboot mais une suite directe, certes située 30 ans après, du premier film de la franchise. La mode est aux legacyquels qui osent changer de point de vue (Mad Max Fury Road, Creed, les films avec Harrison Ford) et/ou qui font fi des suites moins honorables de la licence (cf. Halloween de David Gordon Green) mais la démarche opérée par ce Candyman s'avère bien plus à-propos. Surenchérissant sur le premier opus, le film se réapproprie le matériau avec un point de vue de personne concernée en osant brasser bien des thématiques, évoquant la figure du martyr en osant lier le croque-mitaine original à des victimes bien réelles telles que Trayvon Martin, et n'hésitant pas à se remettre en question, notamment dans la notion d'exploitation de tragédies et du rôle qui tiennent les artistes (noirs) et la bonne conscience blanche (des critiques).

Inévitablement, le film a souvent été vendu ou présenté comme "Jordan Peele's Candyman", invisibilisant sa réalisatrice, Nia DaCosta, et l'on ne souhaite pas faire la même erreur, d'autant plus que sa mise en scène est plutôt élégante et racée, mais il est impossible de ne pas voir Peele établir une sorte d'auto-critique. A la sortie de Get Out, un meme circulait, reprenant une réplique-clé du film ("I would've voted for him a third time if I could've") en l'appliquant à l'accueil du film et notamment ses nominations aux Oscars et sa victoire dans la catégorie du meilleur scénario, et cela semble être ce que Peele dénonce dans le film. Il est question d'embourgeoisement, des fameux quartiers de HLM dans lesquels Bernard Rose avait transposé l'action de la nouvelle de Barker et dans lesquels vit désormais le protagoniste du film, mais donc également de ses habitants, toujours noirs mais d'une autre classe sociale. A partir de ces réflexions, le film transforme presque le boogeyman en vigilante. Toutefois, si le film parvient mieux que l'original à incarner son propos dans le récit, l'action et l'arc du protagoniste, c'est pas la cohérence qui l'étouffe, narrativement parlant. Ça part un peu dans plusieurs sens jusqu'à un climax au départ poussif mais qui finit sur une note cathartique et pertinente.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires