By The River
Sai nam tid shoer
Thaïlande, 2013
De Nontawat Numbenchapol
Durée : 1h11
Dans la tranquillité de la forêt, les habitants du village de Klity, dans le Kanchanaburi en Thaïlande, menaient une vie paisible. Ils se sont toujours nourris de la pêche à la rivière locale, mais depuis quelque temps celle-ci a été contaminée par une usine de traitement de minerai. Un jeune homme qui plonge tous les jours pour apporter du poisson à sa compagne est aujourd’hui porté disparu, sans avoir pu rejoindre celle qui attend son retour avec impatience.
I FOLLOW RIVERS
On a beaucoup loué, sur FilmDeCulte, les qualités uniques du jeune cinéma thaïlandais contemporain. Nontawat Numbenchapol est une nouvelle découverte qui signe avec By the River son second long métrage quelques mois seulement après la sélection à la Berlinale de son premier documentaire, Boundary. Présenté dans la section Cinéastes du présent du Festival de Locarno, By the River raconte le quotidien apparemment paisible des habitants d'un village perdu dans la forêt thaïlandaise. Numbenchapol s'attarde amoureusement sur le décor et By the River est splendide dès sa première seconde. Le cinéaste suit quelques enfants sur le chemin de l'école, filme un chat qui paresse devant l'entrée d'une maison, écoute une conversation au sujet d'un cochon. Il y a pourtant un poison qui s'écoule non loin de ce paradis: la rivière qui borde le village a été polluée par une usine.
Il existe une cohérence esthétique et scénaristique dans les différentes œuvres indépendantes venues de Thaïlande et découvertes ces dernières années en festivals. Mais la force de ce cinéma est qu'il échappe au calibrage, que chaque cinéaste, d'Aditya Assarat à Visra Vichit-Vadakan en passant par Kongdej Jaturanrasmee, parvient à affirmer sa propre voix à partir d'ingrédients pas si éloignés. Si Vichit-Vadakan mélangeait habilement fiction et documentaire dans son beau Karaoke Girl, Numbenchapol rend cette frontière encore plus floue dans By the River, jusqu'à ce que la question ne se pose même plus et se perde dans la nature. Comme chez certains de ses compatriotes, Numbenchapol désamorce le drame, une noyade est ici évoquée à demi-mot, des cendres sont déposées simplement dans les bois. Le cinéaste n'a pas besoin de forcer la main pour qu'on ressente quelque chose, n'a pas besoin de transformer son film en tract écolo pour faire passer un message. C'est cette vie-là que Numbenchapol saisit; au cours du film, il y a une discussion qui est à peine perturbée par la chute non loin d'une noix de coco.
Numbenchapol n'oublie pas non plus de faire du cinéma. Si son approche est humble, il y a aussi une frappante ambition formelle. Dans un long plan magnifique, le scintillement de l'eau se superpose avec celui des étoiles, et l'on ne distingue plus vraiment la frontière entre le ruisseau et le ciel. La nature a un esprit dans le film de Nontawat Numbenchapol, le réalisateur lui apporte autant d'attention qu'à un personnage, est à son chevet comme à celui d'une aïeule malade (une vieille femme dont les yeux ont été détruits par les toxines de la rivière). La grâce discrète de ce long métrage n'est pas quelque chose qu'on trouve partout.