La Montagne de Guanyin (Buddha Mountain)

La Montagne de Guanyin (Buddha Mountain)
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Montagne de Guanyin (Buddha Mountain) (La)
Guan Yin Shan
Chine, République populaire de, 2010
De Yu Li
Scénario : Li Fang, Yu Li
Avec : Sylvia Chang, Bingbing Fan
Photo : Jian Zeng
Musique : Peyman Yazdanian
Durée : 1h41
Note FilmDeCulte : ******
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Trois amis, Ding Bo, Nan Feng et Fatso, ont terminé leur dernière année de lycée. Malgré la pression parentale, ils préfèrent arrêter leurs études et refusent de s'inscrire aux examens d'entrée à l'université. Impatients de voler de leurs propres ailes et de trouver du travail, ils se rendent dans la ville de Chengdu où ils louent plusieurs chambres dans la maison d'une ancienne chanteuse de l'opéra de Pékin…

JEUNESSE DORÉE

La réalisatrice chinoise Li Yu en est à son quatrième long-métrage, cela fait dix ans qu’elle glane des prix dans les festivals les plus pointus (Berlin, Venise, Tribeca…) et pourtant, aucun de ses films n’est jamais sorti chez nous. Si l’on peut imaginer que la rudesse de son tout premier long-métrage Fish and Elephant, tourné clandestinement il a dix ans, puisse à l’époque avoir refroidi des distributeurs, on n’imagine aucune raison de se priver de La Montagne de Guanyin (présenté à Deauville sous le titre Buddha Mountain), son tout dernier film. Bouleversant sans jamais tomber dans la facilité, d’une grande finesse et intelligence d’écriture, singulier tout en restant hyper accessible, il ne s’agit de rien de mois qu’une très grande réussite.

Le pitch de La Montagne de Guanyin peut paraître un peu casse-gueule avec son histoire de réconciliation des générations et de solitudes qui se rencontrent et se serrent les coudes. Il n'en n'est rien : Li Yu parvient de manière assez bluffante à éviter les pièges larmoyants qui l'attendaient ferme ; et ce grâce à, osons le mot, la virtuosité de son scenario. Parmi les nombreuses qualités de ce dernier, c'est surtout l'utilisation heureuse et répétée des ellipses qui frappe avant tout, permettant ainsi de zapper avec bonheur de nombreuses scènes redoutées, et d'en déplacer les enjeux. Les scènes de conflits sont par exemples souvent désamorcées pas un humour décalé, et les scènes tout aussi redoutées de réconciliation passent elles directement à la trappe. Ce qui ne veut pas dire que le film ne brille que grâce à ce qu'il évite. Li Yu parvient à faire presque miraculeusement exister ses personnages en quelques scènes, avec trois bouts de ficelles, très peu de dialogues, et parvient plus d'une fois à toucher du doigt un certain spleen adolescent. L'autre grande qualité du scénario est d'arriver à changer subtilement de point de vue, en cours de récit, suivant tour à tour tel ou tel personnage, sans jamais cesser de les rendre crédibles en tant que groupe.

Tout cela donne La Montagne de Guanyin un aspect finalement plutôt inattendu, donnant à suivre à son récit un chemin sinueux qui ne néglige jamais l'émotion. Le film n'a d'ailleurs pas peur de jouer dans sa dernière partie une carte mélodramatique, culminant dans des scènes parmi les plus émouvantes vu cette année au festival asiatique de Deauville. Li Yu avait déjà remporté le grand prix du festival en 2006 avec Dam Street ; La Montagne de Guanyin ne s’est pas retrouvé au palmarès mais cela ne l’a pas empêché de recevoir la plus longue standing ovation de cette édition, dans la grande salle pour une fois remplie à ras bord. En attendant, cette fois-ci, une sortie chez nous ?

par Gregory Coutaut

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