Berlinale: Boris sans Béatrice
Canada, 2016
De Denis Côté
Scénario : Denis Côté
Durée : 1h33
Boris, esprit fort, libéral et orgueilleux, a atteint tous ses buts. Depuis un temps, sa femme Béatrice, ministre au gouvernement du Canada, est clouée au lit victime d’une mystérieuse dépression. Pour fuir son tourment, Boris entretient une relation avec une collègue, Helga, et se rapproche de la jeune domestique de la maison, Klara. L’apparition soudaine d’un inconnu obligera Boris à se confronter au monde, à ses acquis et à ses certitudes.
TOC TOC
Boris sans Béatrice : dès le titre, on retrouve le goût de Denis Côté pour le décalage. Mais dès les premières scènes du film, on retrouve surtout hélas son goût du décalage... juste pour le plaisir du décalage. Une harpe incongrue dans un magasin de vêtements, des personnages qui font malicieusement l’inverse de ce qu’ils disent... Le cadre de la fable permet au réalisateur québécois de s’en donner à cœur joie dans les simagrées en forme de coup de coude au spectateur, mais l’humour est à chaque fois trop surligné, ces gesticulations manquent trop de spontanéité ou de légèreté pour vraiment distraire.
Les personnages de Boris sans Béatrice possèdent quelque choses de théâtral et métaphorique qui pourrait rappeler ceux de certains films de Blier. Mais Coté a la main lourde sur le symbolisme (des gros plans insistants sur des animaux empaillés viennent rappeler son documentaire Bestiaire), et ses films continuent de manquer cruellement de substance dès qu’on essaie d’aller voir au-delà de leurs apparences. Boris sans Béatrice pourrait se contenter de cette superficialité parfois plaisante, mais à force de clamer sa singularité, l’ensemble finit par pécher au même endroit que son protagoniste : par vanité.
Il est d’ailleurs ironique de voir un cinéaste mettre en scène cette leçon de morale (aussi ironique soit-elle) tout en faisant graviter autour de son héros une galerie de personnages féminins tous plus sexistes les uns que les autres : l’épouse qui pardonne ridiculement vite, la fille oublieuse dont on peut littéralement acheter le pardon, la maitresse forcément hystérique et revancharde, la Russe qui couche et accepte forcément l’argent qu’on lui donne en douce. Boris sans Béatrice ne se contente pas de jeter de la poudre aux yeux. Derrière la vignette faussement sympa se cache quelque chose de très réac.
L'Oursomètre : Parmi les prix que le jury doit attribuer en fin de festival, le prix Alfred Bauer vient récompenser un film "ouvrant de nouvelles perspectives". Denis Coté l'ayant obtenu il y a trois ans avec un film aussi faussement original, il pourrait cette fois viser le prix du scénario, voire de la mise en scène. Mais bon...