La Frappe

La Frappe
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Frappe (La)
Pasuggun
Corée du Sud, 2010
De Sung-Hyun Yoon
Scénario : Sung-Hyun Yoon
Avec : Je-Hoon Lee
Durée : 1h57
Sortie : 07/05/2014
Note FilmDeCulte : *-----
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Un jeune garçon décède. Son père, qui s’intéressait peu à lui lorsqu’il était en vie, commence à enquêter sur la mort de son fils. Dans un tiroir, il trouve une photo où l’on voit son fils avec deux autres garçons, Dong-yoon et Hee-joon. Il se rend dans leur école mais découvre que l’un a changé de lycée, et l’autre n’est même pas venu aux funérailles. Lorsqu’il retrouve Hee-joon, celui-ci lui dit que Dong-yoon était le plus ami avec son fils. A la demande du père, Hee-joon part à la recherche de Dong-yoon, mais celui-ci a disparu. Que s’est-il passé entre ces trois ?

21 TONNES

La Frappe arrive avec une réputation flatteuse, qui est celle de tout premier film découvert et primé dans de grands festivals. Avant de passer par Rotterdam (dont on ne dira jamais assez le rôle fondamental dans la découverte de nouveaux cinéastes asiatiques), le film a en effet remporté le New Current Award l’an passé à Busan (ex-æquo avec le didactique Journals of Musan, indice inquiétant s’il en est). Nous n’irons pas par quatre chemins : cette réputation est à nos yeux complètement usurpée. Le premier mot qui vient à l’esprit à la vision du film est maîtrise. Pas tant une maîtrise de la mise en scène (honnête mais sans réelle personnalité) que celle du sur-découpage de l’intrigue, éclatée dans une structure de puzzle. Or cela pose un double problème. Tout d’abord, sans aller jusqu’à évoquer Inarritu ou d’autres réalisateurs occidentaux, ce genre de structure devient une véritable tarte à la crème chez toute une partie du cinéma Coréen contemporain. Rien que dans le cadre du festival franco-coréen de cette année, on peut déjà citer Re-Encounter qui fonctionne exactement sur le même principe, ou même The Unjust qui souffre également d’être plus franchement compliqué que complexe.

Ce qui amène justement au deuxième problème : aussi tape-à-l’œil qu’elle soit (impossible de ne pas la remarquer et de ne voir qu’elle), cette structure n’a de la virtuosité que les trompeuses apparences, et sert de cache-misère à des personnages peu ou mal développés (le personnage du père, totalement sacrifié), et à une intrigue bancale à force d’ellipses, car La Frappe est pas loin d’être incompréhensible. Pire : cette structure ne fait rien d’autre que desservir le film en le rendant complètement anti-émouvant, en ne donnant à voir ses personnages qu’à travers des fragments fugaces et ultra répétitifs. Comment s’intéresser et ressentir de l’empathie pour des personnages tellement peu vivants qu’ils semblent distants de milliers de kilomètres, prisonniers de leur structure comme des insectes dans une toile d’araignée ? On ne ressent que la surface lointaine de cette histoire, qui souffre définitivement d’une distance trop gigantesque, comme une chape de plomb particulièrement étouffante. Au final, à force de vouloir faire preuve de maîtrise, La Frappe arrive au résultat inverse : celui d’en faire beaucoup trop et de ne pas laisser son film respirer. A force de négliger la subtilité au profit d’une narration qui confond force et matraquage hystérique, Yoon Sung-Hyun rend son film extrêmement étouffant, ennuyeux, perpétuellement mou (le rythme est lui aussi très répétitif) et compliqué. La simplicité n’est pas l’ennemie de l’ambition narrative, bien au contraire. La maîtrise scénaristique a bon dos : il y a plus de mérite à réussir une histoire simple qu’à jeter de la poudre aux yeux des spectateurs.

par Gregory Coutaut

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