Blanche Neige
États-Unis, 2011
De Tarsem Singh
Scénario : Jason Keller, Melissa Wallack
Avec : Sean Bean, Lily Collins, Armie Hammer, Nathan Lane, Julia Roberts
Photo : Brendan Galvin
Musique : Alan Menken
Durée : 1h46
Sortie : 11/04/2012
Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…
MANGEZ DES POMMES
Première de deux adaptations du célèbre conte à sortir en salles cette année, Blanche Neige s'avère, sans grande surprise, à l'image de ses catastrophiques bandes-annonces même si le résultat final est moins indigeste que l'on pouvait le craindre. Le principal souci réside dans l'écriture, qui propose une réinterprétation franchement sans pertinence du récit original, et qui opte pour une approche au comique franchement bas de plafond, entre un second degré faussement subversif et des gags pour mômes dont même le pire épisode de Shrek ne voudrait pas. Ça fait un peu mal de voir Julia Roberts et Armie Hammer cabotiner dans ce registre. Et ce registre, c'est clairement du (mauvais) Disney live, comme en témoigne la présence à la musique d'Alan Menken, compositeur intimement lié à la renaissance du studio dans les années 90 avec La Petite sirène, La Belle et la bête, Aladdin, Pocahontas, Le Bossu de Notre-Dame et Hercule. Le pire, c'est que même dans la forme, l'exercice n'est pas à la hauteur. A l'exception d'une introduction qui fait illusion l'espace de cinq minutes - avec une jolie utilisation d'un zoetrope et une séquence animée par Ben Hibon (déjà derrière l'excellente séquence animée du Conte des Trois Frères dans l'avant-dernier Harry Potter) - on peine à retrouver la grandeur et la décadence de l'onirisme tarsemien que l'auteur parvenait toujours à insuffler même à ses films les plus creux comme The Cell ou Les Immortels, qui restaient au moins de beaux livres d'images iconiques.
Le cinéaste avait davantage réussi sa précédente excursion dans l'univers des contes, avec l'inédit The Fall. On reconnaît toutefois la patte du metteur en scène dans les costumes, signées de sa fidèle Eiko Ishioka (Dracula), récemment décédée malheureusement, ainsi que dans certains décors. On notera quelques idées sympathiques également (les nains "géants", le combat contre les "marionnettes") mais ça ne va pas très loin. En fait, l'ouvrage laisse l'impression que Tarsem y a vu l'occasion de renouer avec ses origines et de faire son film Bollywood comme en témoigne l'improbable numéro musical qui sert de générique de fin où la très mimi Lily Collins entonne une chanson inepte en anglais sur un accent indien. Il faut croire que les réinterprétations de contes ne réussissent pas aux cinéastes : les plus mauvais Spielberg et Burton sont Hook et Alice au pays des merveilles et on a préféré néantiser de nos mémoires le souvenir du Pinocchio de Benigni.