Derrière la Colline

Derrière la Colline
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Derrière la Colline
Tepenin Ardi
Turquie, 2012
De Emin Alper
Scénario : Emin Alper
Durée : 1h34
Sortie : 10/04/2013
Note FilmDeCulte : ****--
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Au pied de collines rocheuses, Faik mène une vie de fermier solitaire avec son métayer et sa femme. Quand arrivent de la ville son deuxième fils et ses petits-enfants, il les met en garde contre les nomades qui traversent la région. Tandis que se déroulent les vacances, la menace rôde, silencieuse et invisible.

MON VOISIN LE TUEUR

Soit une famille géographiquement coupée du monde unie face à une menace extérieure invisible. Avec un tel postulat de départ on aurait pu craindre l’avalanche de symboles et un récit qui ne dépasse pas le tout-théorique (imaginez un peu ce qu’un tel pitch aurait pu donner à la sauce iranienne). Or si le film d’Emin Alper surprend si agréablement, c’est justement par la subtilité rare avec laquelle il parvient à jongler avec les symboles. Cela commence par les cacher, et ne pas faire reposer tout le film sur leurs épaules : la première qualité qui saute aux yeux c’est en effet cette manière de parvenir à faire vivre des personnages en quelques phrases seulement. De montrer un univers exclusivement masculin, sans chausser de gros sabots manichéens pour autant. La meilleure idée du long métrage est d’ailleurs ce contraste pas banal entre ces personnages on ne peut plus concrets, aux préoccupations réalistes, et ce décor à la limite du fantasmagorique.

Car la vallée en question est en effet aussi magnifique que dangereuse, et Alper a l’art de cadrer ses personnages en les perdant dans des décors écrasants. Un éden primitif coupé de la civilisation et qui fonctionne autant comme un écrin protecteur que comme un cercueil déjà presque fermé. L’absence quasi totale de référence au monde moderne (dans l’architecture de la maison, dans la nourriture consommée) achève de donner un écho fantastique à cet hors-champ imaginaire. Ce qui se passe au-delà de ces montagnes, chez les autres, demeure un mystère dont l’épaississement progressif donne lieu à un suspens inattendu. Les protagonistes sont-ils finalement seuls aux mondes, leurs ennemis existent-ils vraiment ? Un éboulement de pierre, une ombre, une baignade qui s’attarde et c’est tout un pan de violence potentielle qui déboule. Et pourtant Derrière la Colline parvient à parler de violence, de sa circulation et de son inéluctabilité, sans jamais montrer de violence à l’écran. Quelques problèmes de rythme font cependant que l’angoisse s’effiloche un peu, parfois trop (bien que pas très long, le film prend quand même son temps). Mais on peut en tout cas lui faire le plus important des compliments : voilà un film avec de la personnalité.

par Gregory Coutaut

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