Beauty
Skoonheid
Afrique du Sud, 2011
De Oliver Hermanus
Scénario : Oliver Hermanus
Durée : 1h38
Sortie : 12/10/2011
François se déteste. Convaincu que sa vie est gâchée, il est pris de court quand une rencontre fortuite bouleverse son existence propre et rangée. Christian, 23 ans, est le fils d'un vieil ami. De l’avis de tous, il est l'incarnation parfaite du beau jeune homme dans la fleur de l'âge. François s’en trouve secrètement désarmé, consumé par une passion dévorante et une convoitise malvenue. S’étant toujours appliqué à se complaire dans le dégoût de lui-même, le voilà qui laisse sortir des émotions contenues depuis toujours, tentant désespérément d'obtenir de la vie ce qu'il a toujours désiré : le bonheur.
LA CONFUSION DES SENTIMENTS
La première chose qui frappe en voyant Beauty c’est sa simplicité. A en croire, dans un premier temps, qu’il fait partie de cette famille de films qui mise tout sur son récit, sur l’histoire qu’il a à raconter. C'est-à-dire que la mise en scène est discrète au point de sembler sans personnalité ; l’interprétation est honnête, mais là encore trop discrète pour immédiatement sauter aux yeux. Mais après tout pourquoi pas ? Pourquoi ne pas faire suffisamment confiance en son scénario pour faire tenir seul le long métrage debout ? Sauf que cette hypothèse est doublement contredite en cours de film. Tout d’abord cette passion amoureuse reste sur des rails bien trop sages et prévisibles, loin de la rage et du grand huit que ce genre d’histoires réclame. A l’image du personnage principal, le récit de fait pas de vague, et n’offre que peu de surprises. Le classicisme n’est évidemment jamais un défaut, mais il supporte mal autre chose que l’excellence.
En revanche, la mise en scène pointe de plus en plus le bout de son nez, traduisant les nombreux non-dits entourant le héros en des silences qui s’étirent et s’étirent encore, diluant les scènes dans une lente contemplation en gros plan du visage de son acteur, muet et fermé à double tour. L’évolution de récit vers un ralentissement général est à la fois ce qui rend Beauty plus singulier mais aussi ce qui génère peu à peu un certain ennui poli. Le dénouement fait un moment croire à la possible ironie cinglante du titre, mais le finale (lui aussi lent et silencieux) vient en pointillé remettre le héros et son spectateur sur une voie nettement plus sage. Si son traitement des thématiques homos reste sans toute trop classique, la gentille singularité du film devrait facilement l’aider à se démarquer du tout-venant des films gays et à trouver aisément son public.