Beast
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Danemark, 2011
De Christoffer Boe
Scénario : Christoffer Boe
Avec : Nicolas Bro, Nikolaj Lie Kaas
Durée : 1h23
Bruno aime son épouse Maxine. Mais son amour, tout comme son apparence physique, commencent lentement à se transformer… Et Bruno reste impuissant face à ce quelque chose qu’il sent bouillir en lui. Car il n’est plus possible de faire demi-tour lorsqu’on explore le côté sombre de l'amour pour n’y trouver que pouvoir, haine et violence.
Le réalisateur danois Christoffer Boe, qui avait déjà trouvé son public dès son premier film, Recontruction, pour lequel il a obtenu la Caméra d’Or à Cannes en 2003, risque bien avec Beast d’en décontenancer plus d’un. Car en apparence, le film pourrait être un simple drame passionnel, une histoire banale et plutôt triviale : un couple marié, lui qui devient de plus en plus agressif, elle qui trouve amour et douceur dans les bras d’un autre. C’est sans compter l’approche bien particulière qu’en fait le réalisateur (qui est aussi scénariste), plaçant l’organique, le corps et ses fluides, au centre de son récit. Ainsi, si tout commence par une banale coupure où Bruno suce doucement, mais un peu étrangement, le doigt de son épouse, cette volonté de dévorer l’autre ne fait que grandir ; ces quelques gouttes de sang ingérées s’infiltrent, comme un poison. Peu à peu terrifié à la sensation de voir celle qu’il aime s’éloigner, son désir de boire son sang, d’avaler sa vie, se fait de plus en monstrueux, et de plus en plus irrépressible.
Le comédien Nicolas Bro prête sa carrure et son impressionnante folie au personnage de Bruno, qu’il incarne sans recul et avec une sauvagerie réellement inquiétante. Vrai monstre tragique, inspirant à la fois terreur et pitié, son évolution se fait petit à petit, avec quelques moments de répit, vite gagnés et dépassés par les pulsions de ce qui grandit en lui. Les deux autres acteurs principaux, Marijana Jankovic et Nikolaj Lie Kaas, sont eux aussi dans une sincérité extrême, donnant à leurs scènes intimistes une réalité palpable, construisant de façon très proche pour le public leur histoire d’adultère. Face à eux, Nicolas Bro, débordant de colère et de haine, fait craindre le pire en jouant avec eux à des jeux de plus en plus dangereux. Sadomasochisme dérivant sur une violence pure, l’histoire de Beast, celle de cet homme dévorant et dévoré, laisse un goût très amer, ne résolvant pas totalement les pistes qu’il ouvre.
