Balada triste

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Balada triste
Balada triste de trompeta
Espagne, 2010
De Alex De La Iglesia
Scénario : Alex De La Iglesia
Avec : Carlos Areces, Carolina Bang, Santiago Segura, Antonio de la Torre
Photo : Kiko de la Rica
Musique : Roque Baños
Durée : 1h47
Sortie : 22/06/2011
Note FilmDeCulte : *****-
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Espagne, pendant la guerre civile, un clown est contraint de combattre avec l'armée. Emprisonné puis tué, il laisse un fils, Javier. Celui-ci devient à son tour clown dans les années 70. Un clown triste. Il est alors embauché dans un cirque où il tombe amoureux de la compagne de son chef. Une sombre rivalité s'installe alors entre les deux hommes.

TROMPE LE MONDE

Retour au bercail pour le sale gosse du cinéma ibérique. Et que ceux que Crimes à Oxford avaient un peu refroidi se rassurent, le réalisateur du Jour de la bête et de Mes chers voisins revient plus en forme que jamais et armé d’une rage fulgurante. Ayant délaissé son habituel comparse d'écriture Jorge Guerricaechevarria le temps de l'affaire, De la Iglesia s'en vient conter une histoire que l'on sent accouchée de sa propre couenne, une sorte de rejeton né d'une union illégitime entre Hitchcock et Tod Browning. Encore plus intime que son 800 balles, Balada triste est une farce grotesque remplie d'un humour noir dépressif, un gros poème de clown triste sous speed, un opéra tragique et virtuose, un film de fou furieux passionné qui ne s’accorde aucune limite. Donnant un grand coup de pied aux règles et aux conventions en vigueur, cette orgie d’autodestruction maîtrisée mélange savamment l'humour et l'horreur, l'amour et la fureur avec une maestria visuelle qui en décoiffera plus d'un. Car dans une Espagne meurtrie à la fin de la guerre civile, cette bataille livrée entre l'Auguste et le Clown blanc symbolise les deux faces de l'époque, les deux visages d'un pays dévasté et divisé, une période où le réalisateur a pris conscience de ce qui l'entourait et qui allait faire de lui le saltimbanque qu'il est aujourd'hui. Remplie de figures tragiques et de sentiments forts mais simples, le triangle amoureux, lui aussi, appuie bien là où ça fait mal, coincé entre fascination et rejet (tout comme le côté drôle et répulsif de la figure du clown) et où la passion tourne à la déraison. Une constante chez le réalisateur, mais qu'on ne connaissait pas si sensible. Bref, vous l'aurez compris, Balada triste est l'œuvre la plus personnelle et la plus mature de son auteur, une bombe à fragmentation qui ne laissera personne indemne, et c'est tant mieux, les passions, comme les films, aussi hors normes soient-ils/elles se doivent d'être vécues à fond!

par Christophe Chenallet

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