Away We Go
États-Unis, 2009
De Sam Mendes
Avec : Jeff Daniels, Maggie Gyllenhaal, Allison Janney, John Krasinski, Catherine O'Hara, Maya Rudolph
Photo : Ellen Kuras
Musique : Alexi Murdoch
Durée : 1h38
Sortie : 04/11/2009
Lorsque Burt et Verona apprennent qu'ils vont devenir parents, c'est la panique. Ils détestent la ville de province où ils habitent, et maintenant que les parents de Burt déménagent, plus rien ne les y retient. Ils décident alors de partir à la recherche de l'endroit parfait où fonder leur famille.
UN COUPLE EPATANT CAVALE APRES LA VIE
Deuxième film de Sam Mendes à sortir cette année, deuxième film focalisé sur un couple, Away We Go et sa bande-annonce à dessins gribouillés laissaient entrevoir un cousin moderne des Noces rebelles, là où l'un donnait dans un académisme très conventionnel, l'autre allait s'intégrer dans les codes du film indépendant US. Dans un premier temps, après une excellente première scène, le film s'installe dans ce cliché de l'indé à teinte brunâtre, légèrement décalé, suffisamment pour donner naissance à quelques situations cocasses mais sans réellement s'élever au-delà d'un style devenu maintenant, en son genre, aussi commun que le plus calibré des blockbusters. C'est mignon, c'est sympa, on pouffe de temps en temps, mais ça reste très léger, un peu trop en surface... puis peu à peu, entre deux rires, quelque chose d'autre apparaît, une certaine pesanteur qui apporte une véritable valeur ajoutée à l'ouvrage. Déjà, la nature systématique de l'intrigue (chaque nouvelle ville que tente le couple présente un nouveau modèle de famille, permettant aux protagonistes de se faire une idée de ce qu'ils cherchent réellement) tend évidemment à faire émerger un propos et donc un fond à ce qui se réduisait jusqu'alors à une comédie "à la Juno" (comparaison facile et globalement erronée). La réussite du film c'est de ne pas faire paraître cette démonstration trop écrite. Au même titre, la mise en scène ne se fait pas trop remarquer mais parvient à garder un dynamisme à toute épreuve alors qu'elle est quasi-intégralement composée de plans fixes, symbolisant la stagnation du couple. Même dans les rares plans mobiles de la première heure, le couple reste immobile, mué par une "force" diégétique (un escalator, une voiture, etc.) puis le mouvement, la mise en scène, devient plus filmique au fur et à mesure que le couple évolue, etc. On regrette quand même le Mendes des Sentiers de la Perdition ou de Jarhead, au style plus frappant. Ici il se fait moins académique que pour son précédent, quelque peu l'antithèse de celui-ci, malgré des fils similaires, pour renouer avec une forme plus invisible mais non moins efficace, à la American Beauty, dans une vibe plus indépendante. Au-delà du fond et de la forme, la principale force du film réside dans le duo d'acteurs central, venu de la comédie pure, John Krasinski (The Office) et Maya Rudolph (Saturday Night Live), qui sont pour beaucoup dans le charme du film. Derrière une apparence en premier lieu anodine, Away We Go gagne un poids qui rend l'ensemble plus émouvant qu'il n'y paraissait et nous rassure concernant Mendes que l'on croyait entré dans le clan des cinéastes insignifiants.