Avalon

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Avalon
Suède, 2011
De Axel Petersén
Scénario : Axel Petersén
Avec : Johannes Brost, Peter Carlberg, Léonore Ekstrand
Photo : Måns Månsson
Musique : Julian Hruza
Durée : 1h16
Note FilmDeCulte : *****-
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Janne, organisateur de soirées, refait équipe avec son ancien partenaire Klas pour l'inauguration d'un nouveau night-club, "Avalon". Mais alors que celui-ci rêve de revivre l'âge d'or des années 80, les choses vont prendre une tournure bien différente...

THE MISTS OF AVALON

Primé à Toronto puis sélectionné à la Berlinale, Avalon est le premier film d’Axel Petersen (lire notre entretien), jeune réalisateur suédois de 33 ans. Au-delà du fait que les personnages ici n’ont plus vraiment l’âge des héros de Twilight, Avalon témoigne déjà d’une maturité impressionnante. Le film d’Axel Petersen traite d’un sentiment de culpabilité tout scandinave, au cœur d’un récit où l’on rêve de nouveau départ, dans le cadre idyllique de Båstad, en Suède. Janne, qui autrefois organisait des fêtes, souhaite ouvrir un club nommé Avalon. L’ouverture est imminente. Rien ne se passera comme prévu.

Il faut un bon moment avant de comprendre de quoi parle vraiment Avalon. Car l’ouverture du club est un MacGuffin, et l’on suit en de courtes séquences le parcours de Janne, futur roi du pétrole, dont la couronne est proche de vaciller. Toute la structure très libre d’Avalon est basée sur ce tempo étrange : parcours elliptique, concision (76 minutes), digressions. Deux digressions splendides, la première mineure : Janne croise un jeune qui s’étale à vélo, hors cadre. Il tente de l’aider, le jeune refuse son aide. Scène anecdotique en apparence. Plus tard, Jackie, comparse de Janne, décide de s’introduire chez son ex pour récupérer une peinture. Un formidable moment de flottement (cette scène semble jaillir toute seule dans le film), et un réjouissant sens du détail : Jackie porte un chapeau improbable. Chez un réalisateur plus timoré, des scènes flottantes comme celles-ci auraient été développées, introduites, expliquées. Et pourquoi ce chapeau ? L’écriture d’Axel Petersen est plus intuitive, comme sa mise en scène, avec sa caméra faussement ivre mais qui sait exactement ce qu’elle suit, celle qu’elle laisse hors champ, adoptant le point de vue chancelant de son triste héros.

Une autre scène superbe : Janne (interprété par le magnétique Johannes Brost, mix suédois de Udo Kier et Bernard Giraudeau) ouvre sa boite (ce n’est pas un mystère). Ce devrait être une fête. La lumière bleutée du club enveloppe les personnages. Pourtant, les plans sur les visages fatigués des trois personnages principaux ne trompent pas. On se dandine comme il y a vingt ans, on se tripote dans les chiottes. Mais ces gens-là sont définitivement trop vieux pour ces conneries. Petersen n’a pas besoin de faire beaucoup parler pour qu’Avalon dise plein de choses. Jamais le film n’ira vers le drame scandinave où l’on fait les comptes à la table familiale, cassant les verres ou renversant les chaises. Le regard que la jeune fille, assise dans une bouée géante, lance à Janne vers la fin du film, suffit. Avalon confirme définitivement son envol lors d’un finale quasi surréel, prenant la dimension mythique d’une légende arthurienne. Assurément l’une des plus belles fins vues au cinéma cette année. Et le film, l’une des plus belles promesses.

par Nicolas Bardot

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