Anti-Gas Skin
Bang Dok Pi
Corée du Sud, 2010
De Gok Kim, Sun Kim
Scénario : Gok Kim, Sun Kim
Avec : Liu Jang
Durée : 2h03
Un mystérieux tueur en série portant un masque à gaz court toujours. Quatre personnes sont à sa recherche : un politicien candidat aux élections municipales de Séoul, un soldat américain dont la petite amie vient d’être assassinée, un jeune homme qui se prend pour un super-héros et une fille-loup leader d’un culte du suicide. Chacun a des motivations bien particulières pour le retrouver.
MYSTERIOUS SKIN
Les frères Kim (Gok et Sun) tournent depuis quelques années en Corée du sud mais aucune de leurs œuvres n'est jusqu'ici parvenue en France. Anti-Gas Skin dispose d'un pitch intrigant et la première partie du film est tout à fait à la hauteur. Le début in media res, le long silence qui plombe les images, la présentation des personnages installent un réel climat d'étrangeté, une singularité de ton qui rend impossible de savoir où tout cela va aller ensuite. Au Festival Franco-Coréen du Film, on a déjà eu un beau spécimen d'ovni avec End of Animal et son fantastique minimaliste. La comparaison ne tourne pas à l'avantage des frères jumeaux. Jo Sung-Hee, réalisateur de End of Animal, accouche certes d'un long métrage imparfait mais a pour lui une certaine ambition (celle de sortir son film des sentiers battus, celle de tenter des choses narrativement et formellement) tout en restant plutôt humble, conscient de ses limites via le choix d'une épure générale. Ses mystères finissent par raconter quelque chose.
Anti-Gas Skin, avec son intrigue prétexte, se disperse, multiplie les personnages, les enjeux, mais ne prend pas le temps de développer ses différentes pistes. Pas celle de l'enquête puisqu'on a bien compris qu'il ne s'agissait pas là du cœur du film, plutôt la peinture à travers quatre figures à la fois décalées et archétypales d'une société coréenne en plein malaise. Le film finit par ne plus aller au-delà de symboles de bizarrerie empilés les uns sur les autres, dans une atmosphère de plus en plus artificielle. La radicalité de Anti-Gas Skin tourne peu à peu à l'autisme, voire la roublardise. Restent quelques séquences troublantes malgré tout comme un finale qui retrouve son souffle, et puis cette gueule qui ne ressemble pas à celle de son voisin. Mais l'ensemble n'est pas totalement abouti.