Ant-Man
États-Unis, 2014
De Peyton Reed
Scénario : Joe Cornish, Adam McKay, Paul Rudd, Edgar Wright
Avec : Stoll Corey, Michael Douglas, Evangeline Lilly, Paul Rudd
Musique : Christophe Beck
Durée : 1h57
Sortie : 14/07/2015
L'histoire d'Ant-Man est celle d'un petit escroc du nom de Scott Lang. Doté d'une capacité étonnante - celle de rétrécir à volonté tout en démultipliant sa force - ce dernier doit embrasser la part de héros qui est en lui afin d'aider son mentor, le docteur Hank Pym, à protéger d'une nouvelle génération de redoutables menaces, le secret du spectaculaire costume d'Ant-Man. Contre des obstacles en apparence insurmontables, Pym et Lang, doivent mettre au point - et réussir - un audacieux cambriolage qui pourrait sauver le monde d'une issue fatale.
WRIGHT OR WRONG
Difficile de faire le tri entre les vraies infos et les fausses rumeurs entourant le départ d’Edgard Wright d’un projet qu’il chérissait et sur lequel il bossait depuis 9 ans. Une chose est pourtant sûre, la fameuse sentence des « différents artistiques » a encore frappé et a fait bien mal, surtout pour un projet né avant même la création du fameux multiverse Marvel ! On imagine donc sans difficulté la cruelle déception et la frustration pour le réalisateur (et ses fans) de la fameuse trilogie Cornetto (Shaun of the dead, Hot fuzz, Le Dernier pub avant la fin du monde) de ne pas avoir pu accompagner son bébé jusqu’à la naissance. Mais il semblerait que ce soit la nouvelle politique du studio de laisser ses réalisateurs talentueux sur le carreau (Branagh n’a pas été rappelé sur Thor 2, Whedon ne rempilera pas sur Avengers 3), préférant avoir derrière les manettes des metteurs en scène sans univers prononcé et surtout prêts à accepter un cahier des charges plus que balisé qui ne laisse finalement que très peu de place à la « créativité ». Il n'est pas non plus nécessaire de tirer sur l’ambulance, le choix des frères Russo pour Captain America: le soldat de l’hiver a prouvé que certains réalisateurs ayant encore toutes leurs preuves à faire pouvait être malgré tout payant. Alors se retrouver avec Peyton Reed, réalisateur de bluettes (Bye-Bye love) ou de comédies grand public (Yes man) pour remplacer le réalisateur de Scott Pilgrim ? On attendait de juger sur pièce même si le doute était quand même permis.
MOUSE MAN
Force est de constater que ce film n’est ni un grand superhero movie ni une énorme déception, mais navigue plutôt entre ces deux eaux. Si Peyton Reed fait finalement « le job », c’est surtout que le bonhomme s’est servi des storyboards laissés par Wright pour venir à bout de son entreprise. En effet, Ant-Man transpire l’ADN de son géniteur mais n’en possède pas toutes les cellules, Reed se contentant de retranscrire sans génie les efforts de préparation opérés par son prédécesseur. Du coup on ne pourra pas lui en vouloir d’avoir au moins essayé de donner un minimum d’emballage à son film. Par contre, là ou le bât blesse c’est plus sur la structure scénaristique et son contenu. Car de ce côté-là, Ant-man ne fait aucun effort si ce n’est celui de se fondre au maximum dans le moule du conformisme. Ok, le personnage ne bénéficie pas forcément de la même popularité qu’un Iron man ou qu’un Captain America et on peut évidemment essayer de comprendre la peur du studio d’exposer un tel personnage à un public pas toujours réceptif quand aux nouveautés. Pourtant Les Gardiens de la galaxie nous ont largement prouvé le contraire l’an passé ! Bref, Marvel et Disney ont donc fait leur choix : lisser un maximum ce super-héros pour en faire un produit de consommation familial, un spectacle pour spectateurs de 7 à 77 ans, quitte à perdre une certaine base de fans qui s'attendent à rencontrer des héros plus proches de leur version dessinée. Rappelons que certains arcs scénaristiques de la version papier faisaient de Hank Pym un personnage violent qui battait sa femme et/ou qui faisait certains choix de “mercenaires“ quitte à se heurter aux autres Vengeurs. Rappelons aussi qu’il est le véritable créateur d’Ultron et non Tony Stark comme on a pu le découvrir dans Avengers 2.
C’EST PAS LA TAILLE QUI COMPTE
Calquant son origin story sur celle du premier volet d’Iron Man, Ant-man se voit donc affublé d’un script tout sauf original et balourd (cf la citation de La Guêpe ou encore la relation entre Hank Pym et sa fille), le tout accompagné d’un humour proche du cartoon (les sidekicks sont plutôt irritant dans l’ensemble) et qui frôle parfois le remake de Chérie, j’ai rétréci les gosses. Aucun doute, on est bien chez Disney et tout est mis en place pour faire des entrées et vendre des jouets. Mais malgré ces réticences et l’évident fantôme de Wright qui plane sur l’intégralité du métrage (principalement dans tout ce qui touche à l’action et autres scènes à l’intelligence scénaristique), il faut se rendre à l’évidence, pour un spectacle familial, le film remplit son fonctions. Si on rajoute en plus l’énorme capital sympathie dont bénéficie Paul Rudd, un Michael Douglas toujours en forme et un rythme millimétré qui, même si l’on ne sera jamais surpris, fait qu’on ne s’ennuie pas, Ant-Man version Reed sauve les meubles du désastre annoncé (espéré?) et réussit finalement ce qu’il espérait : proposer un spectacle récréatif prompt à divertir les familles pour une séance estivale. On espère juste désormais que les frères Russo sauront l’utiliser à bon escient et surtout de manière moins enfantine dans les futurs Captain America: Civil War et Avengers 3 pour qu’enfin le personnage bénéficie d’une adaptation à sa hauteur, si l’on ose dire.