American Nightmare
Purge (The)
États-Unis, 2013
De James DeMonaco
Scénario : James DeMonaco
Avec : Ethan Hawke
Durée : 1h26
Sortie : 07/08/2013
Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, toutes activités criminelles, meurtres inclus, soient légalisées. La police ne peut intervenir. Les hôpitaux suspendent leurs services. Une nuit durant, les citoyens sont à même de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre de sanctions. Au cours d’une telle nuit hantée par la violence et le crime, une famille va devoir faire un choix – bourreau ou victime ? – face à un inconnu venu frapper à sa porte.
LES INCONNUS DANS LA MAISON
Pourquoi l'horreur, genre de la transgression par excellence, est-elle devenue si moralisatrice ? C'est une question qui s'est posée ces derniers mois sur des films tels que Possédée, faux film d'exorcisme et vrai récit de réconciliation papa/maman/enfants, ou le remake Evil Dead, où l'original méchant et cartoonesque de Sam Raimi était transformé en récit cucul de sacrifice familial. C'est hors des studios que l'horreur pure et politique s'exprime, chez Lucky McKee (The Woman) ou Richard Bates Jr (Excision). Hors des écrans de cinéma aussi puisque ces films sortent directement en dvd. American Nightmare, carton récent au box-office américain , sort bel et bien en salles chez nous. Et son point de départ tout à fait vicieux promet un film d'horreur moins lisse: dans un futur proche, la criminalité a été anéantie aux États-Unis, sauf le temps d'une nuit où, chaque année, toutes les violences sont autorisées. Une sorte de spring break d'une nuit où les orgies de cul laissent place à un exutoire de barbarie. De la vraie horreur qui ne s'adresserait pas aux enfants ? Avec un propos politique ? C'est malheureusement aller un peu trop vite en besogne.
American Nightmare lance quelques intéressantes pistes de réflexion: l'obsession sécuritaire ou le port d'armes dans une fable futuriste située outre-Atlantique. Mais les prémices du home-invasion laissent craindre le pire. La fable immorale espérée laisse place à une histoire familiale de plus. Le père défend sa famille gros flingue à la main. La mère n'est pas capable de tirer correctement. Le petit copain de la fille, qui souhaite coucher avec elle, est forcément un démon (et le père qui souhaite protéger l'innocence de sa fille a forcément raison). Face au danger, le réalisateur filme les mains tendues du couple, fait des gros plans sur leurs alliances. Heureusement, American Nightmare ne joue pas jusqu'au bout la carte du puritanisme. A la place, James DeMonaco se recentre vers un traitement politique (quid des pauvres qui ne peuvent se protéger lors de la nuit de purge, quid du clodo du coin) mais le finale est tellement naïf qu'il annule presque tout effort.
Surtout: American Nightmare, au-delà de ses différents sous-textes, qu'ils soient là, pas là, brillants ou bêtas, n'est pas un très bon thriller. Il n'y a pas beaucoup de tension dans la mise en scène, les masques sont peu ou mal exploités, tandis que tous (et quand on dit tous, c'est tous) les effets de peur sont identiques: des jump-scares lamentables avec surgissement de tête + effet sonore patapouf. Ça marchera peut-être si vous voyez le premier film d'horreur de votre vie. Sinon, American Nightmare n'est vraiment réjouissant que lorsque la mère de famille (Lena Headey du Trône de fer) se lâche au cours d'un finale qui a fait ricaner. C'est déjà ça de pris. Mais était-ce vraiment le but recherché ?