Alien Romulus

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Alien Romulus
États-Unis, 2024
De Fede Alvarez
Scénario : Fede Alvarez
Musique : Benjamin Wallfisch
Durée : 1h59
Sortie : 14/08/2024
Note FilmDeCulte : ****--
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Alors qu’il entreprend de voler la cargaison d'une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers…

DANS L'ESPACE, PERSONNE NE VOUS ENTEND MOURIR AU TRAVAIL

À l'annonce du projet, quand même le premier épisode de la franchise depuis 27 ans sans Ripley, sans Predator et sans Ridley Scott, qui l'avait reprise pour l'emmener ailleurs, Alien Romulus avait de quoi paraître inconséquent. Finie la grande saga d'auteurs, héritant désormais d'un faiseur inégal et à priori sans personnalité forte. Une suite de plus dans un Hollywood de plus en plus esclave des licences? La révélation que les protagonistes seraient de jeunes vingtenaires avait également de quoi désarçonner, comme si la série cherchait à conquérir le public des Blumhouse...ou des slashers de Fede Alvarez. Et pourtant, la première surprise du film réside précisément dans ce parti-pris en fin de compte judicieux permettant au cinéaste de surenchérir sur les aspects les plus politiques de l'original. Même les moins aboutis des volets avaient des choses à dire et l'on se demandait justement si cet Alien Romulus allait trouver quelque chose à raconter. Dès les premières minutes, la réponse est un grand "oui".

Durant le premier acte, on pourrait même penser qu'il s'agit du meilleur Alien depuis 1992. En effet, l'entrée en matière et l'exposition sont des plus prometteuses. Choisir en guise de héros une bande de jeunes actifs contraints de suivre dans les pas de leurs ouvriers de parents, morts à la tâche, ancre immédiatement le récit dans une réalité située dans la droite lignée du premier film, avec ses "camionneurs de l'espace", pour citer Scott, considérés comme dispensables par une compagnie peu scrupuleuse. En suivant la trajectoire de ces employés spoliés désireux de s'affranchir illégalement d'un système capitaliste, l'intrigue, qui les verra inévitablement se faire éliminer un par un par les créatures, prends des atours d'allégorie du monde du travail, où il est impossible de s'ériger au-delà de son statut, de rêver à une vie de couple, de famille, de mère, etc. Alien Romulus incarne son spectacle en se faisant le récit d'une jeunesse aliénée par le patronat.

Si cet angle général ne suffisait pas, il existe également en son cœur un personnage qui permet d'entériner le propos. Et c'est encore une fois l'androïde. Déjà intéressant dans sa variation sur une figure récurrente de la franchise, Andy (que David Jonsson joue à merveille) apparaît tout d'abord comme une personne souffrant d'un handicap mental, instantanément touchant dans sa relation fraternelle avec l'héroïne (l'ubiquiteuse Cailee Spaeny) avant de représenter l'opprimé exploité par le système contre ses pairs. Que l'acteur choisi soit noir n'est sans doute pas un hasard (on se prend à penser au personnage de Samuel L. Jackson dans Django Unchained).

Par la suite, le film accuse un certain ventre mou et n'évite pas certains pièges modernes comme ce côté parfois "best of" (en moins bien) de la franchise et du fan service malvenu, jusque dans la reprise foireuse d'une punchline et une décision moralement douteuse (et ironique au vu du propos, l'exploitation des salariés continuant même après la mort!). Néanmoins, si le film n'est pas tout à fait un legacyquel, son positionnement narratif dans la franchise lie texte et métatexte dans cette notion des choses qui échouent à la génération suivante et l'exercice est loin d'être vain. En fin de compte, c'est d'un pur point de vue frisson que le film s'avère décevant, manquantde plus de scènes mémorables, mais Alvarez a du style à revendre et parvient même à proposer une ou deux idées inédites du genre de celles dont on se demande comment la saga n'y a pas pensé plus tôt. En somme, Alien Romulus est une addition pertinente à une illustre licence.

par Robert Hospyan

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