Alamar
Mexique, 2010
De Pedro González-Rubio
Scénario : Pedro González-Rubio
Avec : Jorge Machado
Photo : Pedro González-Rubio
Durée : 1h13
Sortie : 01/12/2010
Jorge et Roberta ont eu le coup de foudre l’un pour l’autre mais lui rêvait de vivre dans la solitude d’un monde sauvage et naturel tandis qu’elle ne pouvait se passer de la vie urbaine. Jorge est parti au Mexique et Roberta à Rome avec le fruit de leur amour, Natan. Cinq ans plus tard, comme les deux amants en avaient convenu, le petit garçon part vivre quelques mois avec son père...
UN HOMME A LA MER
Petite curiosité que cette première fiction d’un réalisateur mexicain venu du documentaire, à la fois portrait nostalgique d’un été passé littéralement « dans » la mer, et chronique des liens paternels coupée du monde, le tout dans le décor quasi-unique d’une maison sur pilotis perdue face à l’immensité de l’océan. Alamar démarre sur l’histoire d’un couple qui se sépare et change de continent après avoir eu un enfant. Fausse piste elliptique et vite évacuée, dont le but est surtout de souligner le contraste entre la vie (qu’on devine) citadine de l’enfant auprès de sa mère, et celle (la majorité du film), qu’il vit auprès de son père - et de la mer. A partir de là, on peut dire qu’il ne se passe presque plus rien, et on n’est pas très loin de la vérité, mais il ne faut pas y voir forcément un défaut rédhibitoire. Car le film avance tel un funambule sur un fil tenu entre fiction et réalité. Pas dans le sens où l’on passerait de l’un à l’autre, ni dans le sens où l’on douterait de l’identité réelle des personnes vues à l’écran mais parce qu’en captant le réel tout en prenant le parti de laisser venir les choses comme elles viennent à l’enfant et à la caméra, et selon leur propre rythme (celui, lent et récurrent, de la nature et des vagues), Pedro Gonzales-Rubio parvient malgré tout à créer une vraie histoire, le récit d’une évolution de la relation d’un enfant à son père, et surtout de sa relation à la nature.
L’absence d’événement est dès lors contrebalancée par l’attention donnée à l’inattendu, comme par exemple la rencontre d’abord furtive avec un oiseau, qui deviendra par la suite presque un personnage récurrent (les meilleures scènes du film). Cette ambivalence perpétuelle permet à Alamar de dépasser les clichés du « film-d’enfant-dans-la-nature-avec-de-jolis-images », même s’il bénéficie grandement de l’évidente cinégénie de ses décors. Au final, malgré sa courte durée, le long métrage peine un peu à tenir la longueur, mais sa singularité suffit à retenir notre attention.