A vif
The Brave One
États-Unis, 2007
De Neil Jordan
Scénario : Cynthia Mort, Bruce A. Taylor, Roderick Taylor
Avec : Naveen Andrews, Jodie Foster, Terrence Howard, Nicky Katt, Mary Steenburgen
Photo : Philippe Rousselot
Musique : Dario Marianelli
Durée : 1h59
Sortie : 26/09/2007
Suite à une agression où son compagnon perd la vie, Erica Bain se transforme en vengeresse armée.
L’ANGE DE LA VENGEANCE
Plus que la guerre des sensibilités que l’on pouvait craindre (le producteur bourrin Joel Silver Vs l’auteur élégant Neil Jordan), ce qui plombe A vif est surtout la sensation de constante fuite en avant que le film dégage. Comme si son sujet éminemment polémique, fièrement jeté à la face du spectateur, était suffisant pour masquer les valses hésitations de son écriture. Jodie Foster campe Erica Bain, une chroniqueuse radio qui parcourt New York à la recherche de samples pour agrémenter son émission. Elle coule le parfait amour avec David, jusqu’au jour où ils sont sauvagement agressés et laissés pour morts par trois zonards au cours d’un affrontement (que Neil Jordan filme avec une violence exagérée). David succombe à ses blessures mais Erica sort du coma trois semaines plus tard. Remise sur pied, elle fait l’acquisition d’un pistolet pour se défendre mais glisse rapidement dans une vendetta contre le crime.
"Vous en avez assez de ces racailles? Hé bien Erica Bain va vous en débarrasser." Le propos du film ne saurait se résumer ainsi; c’est du moins ce qu’il essaie de faire croire. Un flou artistique entoure la vraie nature du personnage de Foster. Il se veut complexe et dépeint dans des nuances de gris; il paraît vide et maladroitement brossé. Trente ans après Taxi Driver, Jodie Foster n’est plus la petite prostituée sans défense; elle devient un Travis Bickle mou au cours d’une séquence qui sent la citation. Son interaction avec Sean Mercer, le flic qui enquête sur les crimes qu’elle a commis sans encore en connaître l’auteur (le film se passe dans la seule métropole où chaque homicide est confié au même policier) est plus réussie. L’agitation subtile que fait passer Foster s’oppose bien au charme solide de Terrence Howard. Les scènes entre eux sont directes, très simples, et leur alchimie fait monter une belle tension entre les deux personnages. Mais dès qu’ils se séparent, A vif essaye de retrouver son chemin. Si le film parvient en grande partie à ne pas se complaire dans sa violence, il ne réussit pas pour autant à être l’exploration des conséquences de la vengeance à laquelle il aspire. Il y a pourtant des choses à sauver dans A vif: l’Irlandais Neil Jordan sait observer la ville, il sait retranscrire la solitude du New-Yorkais, sa volonté de trouver sa place quitte à empiéter sur l’autre; mais dans son cœur, le film est aussi perturbé et rongé par le conflit que son personnage.