120 battements par minute

120 battements par minute
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120 battements par minute
France, 2017
De Robin Campillo
Durée : 2h20
Sortie : 23/08/2017
Note FilmDeCulte : *****-
  • 120 battements par minute
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Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean...

CŒURS VAILLANTS

Dans notre entretien réalisé il y a trois ans à l'occasion de la sortie de Eastern Boys, Robin Campillo nous parlait d'un projet de film consacré à Act Up. Campillo est lui-même un ancien militant d'Act Up, et ce film, le voici : 120 battements par minute, présenté en compétition à Cannes. 120 battements par minute débute précisément dans les coulisses d'une action, derrière un rideau que les militants s'apprêtent à ouvrir. C'est à cette place privilégiée que nous invite le film, durant les jeunes années d'Act Up, en pleine angoisse de l'épidémie du sida. Il y a une dimension pédagogique dans 120 battements, éducative à l'image d'un des leaders de l'association s'adressant aux nouveaux adhérents, ou comme Campillo s'adressant à ses jeunes spectateurs d'aujourd'hui.

Comment rendre cela vivant ? Le long métrage est en effet grandement constitué de discussions en AG mais la qualité de l'écriture, le nerf à l'image et l'investissement des comédiens font vibrer le film comme la pulsion vitale anime ses protagonistes confrontés à l'urgence. Eastern Boys déjà parlait du sort de clandestins et d'illégaux – les malades, et plus largement les homos, toxicomanes, prostitués ou prisonniers sont considérés comme tels par le pouvoir dans 120 battements. Comment reconstruit-on la société ? C'est une question que se posait le héros de Eastern Boys, c'est une question qui est au cœur des préoccupations des militants de ce nouveau film. On ne cherche pas à agir selon la bonne conscience chez Campillo, on agit car il n'y a que cette façon d'agir.

Au-delà d'Act Up, 120 battements par minute est un grand film politique sur le pouvoir du militantisme. Sur la nécessité d'alerter, interpeller, bousculer, et il ne s'agit pas là d'un film d'époque. Campillo a beau raconter des événements datant d'il y a plus de vingt ans, on imagine sans peine les cris d'orfraie qui accompagneraient aujourd'hui une action comme celle menée dans le film au sein-même d'un lycée. Des cris qui assurément ne viendraient pas seulement d'associations d'intégristes haineux, mais aussi de politiques, de certains médias, d'une partie de la population – peut-être même d'homos. Les tonalités de 120 battements par minute sont moins riches et surprenantes que dans Eastern Boys qui, avec virtuosité, passait de l'approche doc au home invasion à la romance au thriller voire à la fantasy. Mais il y a ici un bloc de vie brandi et jeté avec une impressionnante puissance cathartique.

par Nicolas Bardot

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