10 Minutes
Ho-Chan étudie pour devenir producteur de télé. Mais sa famille a des difficultés financières et il accepte un travail à temps partiel dans un bureau...
BEAU TRAVAIL
Il faut être sacrément doué pour réussir un film aussi tendu à partir d'un pitch aussi peu sexy. Lee Yong-Seung (lire notre entretien), qui signe ici son premier long métrage, a ce talent et on le place immédiatement dans notre liste de jeunes cinéastes à suivre. N'écoutez pas les bêtises que l'on peut régulièrement entendre (La Corée, c'est tellement 2006 ! Aujourd'hui c'est l'Inde et ses petits plats qui est so trendy !): 10 Minutes, en plus d'être une révélation, ne ressemble pas au cinéma coréen (déjà très éclectique) que vous avez l'habitude de voir. La violence qui est un refrain connu du cinéma coréen quel que soit le genre s’invite de façon plus insidieuse, plus sous-jacente, avec cette intrigue de bureau, ses mesquineries et sa veulerie.
Au cœur de ce récit d’apprentissage, un jeune idéaliste et employé modèle. Mais la machine à broyer est en marche. La mise en scène de Lee Yong-Seung parvient à être dynamique tout en étant très sobre. C’est aussi la force du scénario qui marie le sens de l’absurde (le boulot du héros semble être celui de Chandler, ses réunions au soju sont improbables) et une certaine subtilité pour décrire cette période de transition où un jeune homme est prêt à abandonner ses illusions face à la vie. Lors d’une scène finale splendide, œuvre d’un vrai cinéaste, on semble se préparer au pire mais ce n’est qu’une parodie. Cette histoire de bureau Ikea aux classeurs et cahiers bien rangés électrise plus que certains thrillers ou films d’action.