10 Cloverfield Lane

10 Cloverfield Lane
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10 Cloverfield Lane
États-Unis, 2016
De Dan Trachtenberg
Avec : Mary Elizabeth Winstead, John Goodman
Durée : 1h43
Sortie : 16/03/2016
Note FilmDeCulte : ****--
  • 10 Cloverfield Lane
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Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d'abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu'il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d'envergure. En l'absence de certitude, elle décide de s'échapper...

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Mettons fin au suspense tout de suite : ce film n'est pas une suite de Cloverfield. J.J. Abrams lui-même l'a confirmé et Dan Trachtenberg précise que le film ne se situe même pas dans le même univers (bien qu'on aperçoive une station service déjà vue dans...Super 8). La vérité, c'est qu'il y a à la base un scénario original, intitulé The Cellar, écrit par Josh Campbell et Matt Stuecken, acheté par Bad Robot et qui devait être le premier long de Damien Chazelle. C'est sous sa gouverne que le scénario a évolué vers quelque chose qui rappelait Cloverfield mais il finit par choisir de réaliser son projet de rêve, Whiplash. Arrive Dan Trachtenberg, fort d'un fan film tiré du jeu vidéo Portal, et qui tournera le script sous le titre de travail Valencia. Notant les similitudes avec Cloverfield, Abrams décide alors de rebaptiser le film. Il est évident que ce choix découle de raisons marketing parce qu'il est plus simple dans le triste monde d'aujourd'hui de vendre une marque reconnaissable plutôt que de risquer le bide d'une série B à petit budget et sans stars. C'est un mensonge pieu en quelque sorte mais qui pourrait desservir le film en créant une attente autre. Toutefois, il ne devrait pas être trop dur d'éviter de vous poser la question tout le long tant ce petit thriller, franchement efficace à tous les niveaux, est prenant.

L'écriture, intelligemment économique dans son exposition, pose la situation et présente son héroïne en quelques coups de cuillère à pot et, à partir de là, construit sa tension et ses personnages de manière à garder le spectateur constamment alerte, méfiant. Le postulat de départ est le parfait moyen pour bâtir un huis clos où les informations sont distillées au compte-gouttes sans jamais que cela ne soit frustrant. Au contraire, les retournements sont toujours très bien amenés, ne paraissant jamais gratuit ou facile. Par conséquent, les personnages non plus n'apparaissent pas aussi évidents à cerner qu'il n'y paraît. D'ailleurs, ça fait plaisir de voir des protagonistes intelligents dans un film de genre, attachants sans être sur-calibrés, débrouillards sans que cela ne demande de saut de foi incroyable, flippants sans que cela soit surfait, etc. Il n'y rien d'exceptionnel à proprement parler ou de follement original dans 10 Cloverfield Lane mais dans son registre, c'est rondement mené. Le récit progresse de façon engageante, sans un pet de gras, jusqu'à un dénouement relativement attendu mais tout de même satisfaisant, malgré un double-climax un peu poussif (les talents McGyveresque et la rapidité dans l'improvisation de l'héroïne paraissent soudainement gros) mais aussi vaguement inutile, voire hors sujet, au même titre que son épilogue. Le film est comme un long épisode de La Quatrième dimension et aurait donc pu se terminer sur une chute sans qu'il fusse nécessaire d'avoir une dernière scène d'action. Il en va de même pour cette espèce de fin ouverte qui semble se diriger vers une suite générique bien s'il s'agisse davantage de la conclusion de l'arc, toutefois léger, du protagoniste qui choisit enfin d'arrêter de fuir les problèmes. Cette maladresse ne gâche en rien le plaisir et si Abrams veut continuer à donner leur chance à de jeunes réalisateurs en produisant une anthologie de séries B serlingo-hitchockiennes comme celui-ci ou son prédécesseur, il est le bienvenu.

par Robert Hospyan

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