Backstage

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Lucie, une adolescente de 17 ans, voue une adoration sans borne à une chanteuse célèbre, Lauren Waks, artiste secrète et inaccessible, dont les photos recouvrent les murs de sa chambre. C'est ainsi qu'elle s'évade d'une existence morne en province auprès de sa mère et de son petit frère. Jusqu'au jour où une circonstance imprévue va permettre à la jeune fan de s'introduire dans l'intimité de son idole. Elle plonge alors, avec innocence, dans une relation passionnelle avec la star de ses rêves.

VIOLENTES TENDRESSES

"Pathétique, ça veut dire émouvant?", s’interroge sans malice l’ingénue Lucie (Isild Le Besco), aux deux tiers de Backstage. Ce faisant, elle donne l'insolite clef du film: ici, en effet, par on ne sait quel sortilège, les deux termes ont bien valeur synonymique. Il en fallait de l’audace et de l’adresse pour rendre cette idée pertinente, sinon évidente. Emmanuelle Bercot s’en est emparée. Coutumière des verts paradis adolescents (La Puce, Clément), la réalisatrice a laissé le versant sociologique tapisser seul les arrière-plans. Et s’est attachée à filmer avant tout un marronnier cinématographique: une histoire d’amour impossible, la douce férocité des passions. En est ressortie une successions d’apparitions monstrueusement flaubertiennes, s’échappant de la réalité d’un monde exigu. De cette violence du besoin de tendresse, Bercot a tiré une œuvre funambule, jonglant littéralement avec les clichés et les attentes: tantôt hauteurs tantôt bassesses, tantôt agitation tantôt ampleur, mais toujours rebondissante, en un montage fluide, aux ellipses emportées.

ÊTRE ET AVOIR FAN

Sur le même fil joliment distendu du presque grotesque et, on l’a dit, du pathétique, Bercot pose son monde, du plus petit (formidable Nicolas Maury, déjà croisé en dandy bouleversant dans Les Amants réguliers, se contentant ici d’une seule réplique, d’un seul plan, ridicules et beaux, pour asseoir solidement sa fragile présence) aux plus grands seconds (Noémie Lvovsky épatante, Jean-Paul Walle Wa Wana massif et touchant) et premiers rôles (Emmanuelle Seigner, qui trouve là, corps et voix, sa plus grande justesse). A ce tarif, évidemment, la balance ne pèse pas toujours du meilleur côté, et l’épilogue, notamment, fait les frais tardifs d’un trop-plein d'excès fictionnel. Pour autant, deux heures sont passées, et on aurait honte de prétendre n’avoir vu qu’une fan harceler son idole, ou qu’une star abuser de son rang: on est sûrs d’avoir entraperçu bien davantage - tout comme la poupée Cindy de Bonello semblait perdurer au-delà du quart d’heure. Forcément, on s’en est ému. Pour un peu, on s’en amourachait.

par Guillaume Massart

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